Hyouka, le pari perdu. Perdu contre qui ? Contre moi-même. Que l'âge ne donne pas de préjugés ?
Ce studio qui au départ m'a enchanté par son existence, son soin, son fanatisme de la qualité, m'a déçu.
Pourquoi déçu : car anime précédente, pure objet commercial. Pour renflouer les caisses, conséquence surement d'un essai manqué, d'un coup raté, une forme en huit qu'eux seules ont trouvés esthétique et d'autres produits tout autant cavaliers. Fallait remplir les coffres.
Un club de thé, coupé à la guimauve, avec une guitare et un trombone, histoire de faire genre, et voilà un thème réinventé. Tout le monde va les imiter. Ils ont appris à maîtriser le rien. Avant déjà ils maîtrisaient le vent. En faisaient des miracles, des prophéties. Le rien, ils l'ont porté en étendard. De remplir la caisse ils l'ont fait déborder.
Les poches pleines, de retour dans le biz-biz, il était temps de refaire un vrai truc. Moi, par contre, je n'avais pas vu le trick, la manœuvre. La dernière mouture je la pensais encore comme le dernier attrape-geekeaux, au contraire c'était du Keyser Söze.
"Mais qu'est ce que tu me parle de Keyser Söze, déjà que depuis le début ça a pas de sens ce que t'écris ?!" me gueule le dernier badaud, à raison, qu'à vu la pochette et qui s'offusque de la comparaison. Du calme, c'est juste pour amener que là on est dans du policier. Mais finalement le genre on s'en fout. Comme dans l'aventure de l'autre mélancolique, ce qui compte est le divertissement. Et après avoir appris à faire un carton des tribulations vides d'intérêt de quatre lycéennes qui s'essaient à la musique contemporaine, fallait transformer l'expérience accumulée.
Au départ je n'ai pas voulu y croire. Je voyais le mal partout. De mauvaise foi, je cherchais la petite bête. Pourtant, oui pourtant, tout était déjà là. Sept épisodes, un abandon de plus d'un an, on se relance dedans. Car on veut voir du poilus, du truc qui pèse, du renommé, du truc que je les gens y sont prêt à tuer pour dire que c'est bien.
Ça relance le Hyouka quoi. Et là je ferme ma bouche. Après avoir vu le reste, s'être exclamé sur du correct je ne peux que m'incliner face à la maîtrise. "Houlà ! Houlà ! Y s'emballe comme d'hab' le GTZ", aboie le même badaud. Et là, non besoin de l'arbalète pour le calmer. Suffit de lui montrer.
Animation impeccable, mise en scène inventive, immersive, en fait autant s'arrêter sur ce point. Car là est la force de Hyouka. Le plaisir qu'ont les auteurs à raconter leur histoire. Le travail pour la mettre en valeur, la rendre passionnante, intrigante, du quotidien amener ses mystères. Finalement de tout instant de la vie on peut s'en faire une enquête.
Cela crée alors un microcosme. Ce petit univers qu'est Hyouka, dans lesquels évoluent ses personnages devient familier. On prend un plaisir à tout observer, à faire attention aux moindres détails. Un clignement d'œil, un demi-sourire, un soupir, tout à été exprimé. Là l'enquêteur prend forme. C'est nous, le spectateur qui en Oreki se découvre investigateur de cette histoire. Rajouté à ça, une ambiance, une atmosphère envoûtante, qui s'installe tranquillement, aidée par une direction musicale inspirée, Hyouka s'impose comme un divertissement de qualité.
Cela finit, malgré tout, l'imper à l'épaule. Ce que l'on a voulu voir nous a été montré. La fin de l'enquête est délivrée. La résolution est jolie, mignonne, juste. Je ne peux refuser le bonbon savoureux, le chocolat délicieux (ouais je sais les deux mots veulent dire la même chose), je rends les armes. Sûrement lent à démarrer, lent à apprécier, Hyouka reste par ses personnages humanisés et son cadre apaisant une expérience à part. Trompeur par le sentiment de réutilisations complaisantes des acquis précédents, elle joue avec son sujet et plutôt que de le contourner elle s'en sert pour cimenter son efficacité.
L'anthologie sera achetée, l'affaire est classée.
Dommage qu'ils ne se spécialisent pas dans la tatanne...