Detroit Metal City. Autant dire qu'étant chroniqueur / amateur de Metal (Black, Hardcore, tout ça...), j'ai difficilement pu y couper. On a coutume de dire que dès lors que l'on est connaisseur d'un sujet (ce qui est mon cas avec le Metal Extrême, sans prétention aucune) on est plus exigeant lorsqu'on regarde une œuvre qui traite du sujet. Et c'est vrai que par rapport aux autres critiques de cet Anime, je serais probablement plus sévère. Mais rassurez-vous, pas trop quand même, puisque nous sommes devant DMC et non devant des immondices innommables comme insupportable Pop Redemption.
Premièrement Detroit Metal City (en référence au «Detroit Rock City» de Kiss...), kézaco? Tout d'abord un pitch des plus «trololo» et des plus attirant, il faut bien le dire. Negishi est un garçon qui aime la Pop suédoise toute tranquille (limite Folk d'ailleurs) et qui se retrouve on ne sait pas trop comment propulsé en tant que frontman d'un groupe de Death Metal. Tout ceci est prétexte à quelque chose de fondamentalement burlesque et à diverses obscénités ridiculement amusantes. Le principal vecteur de blague dans cette histoire étant le personnage de Krauser, si violent qu'il en devient ridicule et surtout le timing catastrophique de Negishi, en particulier quand il tente de courtiser son amie Yuri, amatrice de Folk tranquille et journaliste dans un équivalent fictif à Vogue Magazine. La schizophrénie (ah si, quand on change de personnalité à cette vitesse, c'est de l'ordre du médical, vous ne me ferez pas croire le contraire...) du héros est la réussite de cet Anime puisque c'est le principal ressort comique de la série toute entière. En effet, je trouve les personnages secondaires beaucoup plus anecdotiques et relativement mal-exploités (ils restent tous cantonnés à leur principal trait de caractère, sans jamais aucune variété dans les dialogues ou les situations).
J'apporterais toutefois une nuance par rapport à ce qu'on a pu lire ailleurs sur ce manga, certaines situations – pas forcément comiques d'ailleurs - sont franchement bien vues. Les fans de DMC par exemple sont complètement décérébrés mais le point de vue de l'auteur est franchement lucide sur ce public. Personnellement, ils me font penser aux beaufs-zozos qui crient «Prout», «A poil!» et autres «Apéro» dans tous les festivals de Metal et en cela, Detroit Metal City, n'est pas – uniquement – premier degré et retranscrit les codes du genre avec un brio certain. Si ils me donnent carrément des boutons – voire des envies de claques dans le nez - en vrai (au risque de froisser au passage les amateurs d'exhibitions de postérieur au «Petit Journal»), ils sont plutôt amusants dans la série et je ne peux y voir qu'un clin d’œil bien fichu à ce genre d'énergumènes. Dans un registre moins cliché et plus profond, certains scènes où Negishi/Krauser extériorise ses échecs amoureux avec Yuri en rentrant dans une sorte de transe lorsqu'il écrit des paroles sur-violentes, sont également finement vues. La catharsis est l'essence des musiques extrêmes et c'est finalement un bon point que ce genre de scénettes représentent aussi bien cette idée.
Passons donc maintenant au points négatifs de cette série. Premièrement, la musique est incroyablement à la ramasse. Le problème principal étant que les groupes de Death Metal ne jouent pas de Death Metal, les groupes de Black Metal ne jouent pas de Black Metal et ainsi de suite pour toutes les autres entités croisées dans la série... A la place d'une bande-son qui proposerait des morceaux de vrais groupes ou vraiment ancrés dans ces styles, on se retrouve avec une espèce de soupe pseudo-extrême et un chanteur totalement asthmatique. Ce qui la fout tout de même assez mal pour une série sur la musique et qui gâche indubitablement le plaisir des amateurs du genre. De plus certains points de l'histoire sont franchement mal vus et les références musicales évidentes axent clairement le propos sur quelque chose de facile et de calibré pour plaire au plus grand nombre. Un chanteur de Death/Black ferait t-il vraiment des références à Marilyn Manson, Kiss ou Ozzy Osbourne? Très franchement j'en doute... De même, le groupe semble atteindre une célébrité croissante et signe en major, chose quasi-impossible dans un milieu musical aussi peu professionnalisé que celui du Metal Extrême.
De plus, l'Anime est très vite lassant car les schémas comiques sont – à peu près – toujours les mêmes et fonctionnent sur le même ressort. Tout ça s'épuise donc à une vitesse supersonique (au bout de cinq épisodes de 13 minutes, on commence à anticiper chaque action...) et finit incontestablement par lasser le spectateur. On passer aussi sur le graphisme: moche, animé avec deux pieds gauches et tout ce que vous voulez. Cela dit, ce point est franchement minime puisqu'il serait très bête de regarder Detroit Metal City comme on regarderait Mushishi ou Samuraï Champloo.
Loin de moi l'idée de jouer au défenseur du vrai Metal et compagnie, soyons-clair, la «grande famille du Metal fraternelle qui se réunit autour d'une bière devant un live d'Iron Maiden» et tout ce qui va avec, ce n'est franchement plus de mon âge. Enfin, si toutefois j'ai déjà eu l'âge pour ce genre d'âneries. Et puis en plus, je déteste le Heavy (!). Seulement, je ne peux m'empêcher de pointer du doigt les incohérences de Detroit Metal City qui pénalisent lourdement son appréciation pour ma part. Il est d'ailleurs bon de noter que sans ces dernières, la série aurait été pour ma part une franche réussite. DMC n'est pas un mauvais Anime, il propose des moments de rire efficaces et on se plaît à observer la dualité de son héros et ses déboires divers et variés. Cependant, plutôt que de se focaliser sur son pitch de départ, cette série aurait mérité de creuser un peu plus sous les apparences pour extraire des situations humoristiques plus fraîches et moins prévisibles... Dommage.