Comme dirait mon collègue avec son skate et sa mèche : «Naruto ? C'est la base ». Mais Naruto c'est bien plus que ça, il s'agit d'un des principaux piliers de la vague de culture nipponne qui s'étendit dans nos belles contrées ces vingt dernières années.
Dès le tout premier chapitre on part à la découverte de cet enfant maudit par le destin. Notre héros aimerait être comme les autres, il cache sa souffrance derrière ses âneries qui lui servent désespérément à attirer l'attention de ses camarades. Les villageois le fuient comme la peste, car tout le monde ou presque dans le village caché de la feuille a peur du pouvoir démentiel qui sommeille en lui. Naruto est seul.
Mais Naruto n'en démord pas et fait preuve d'une volonté sans faille, tous les obstacles qu'il aura à surmonter forgeront ses convictions, son "édo". Prenez Zabuza et Haku, eux aussi étaient des démons rejetés de tous. Au travers de son combat, Naruto réalise qu'il n'est pas si différent d'eux, que les barrières entre le bien et le mal peuvent être parfois très proches et relatives. Vient alors son combat contre Neji. C'est la confrontation entre un génie et un loser, Naruto prouve que sa volonté de vaincre est infaillible et que n'importe qui peut réaliser ses rêves en faisant des efforts. Durant ses périples il rencontrera aussi Gaara, un antagoniste rongé par la haine et la solitude, doté de la même malédiction que notre héros. Naruto se retrouve en lui, et il réalise qu'il aurait fini comme lui s'il n'avait pas eu la volonté de sortir des ténèbres dans lesquelles le destin l'a mis dès son plus jeune âge.
En bref, chaque antagoniste vient ajouter une pierre à l'édifice de l'odyssée de Naruto.
En parallèle se développe d'autres profils franchement intéressants. Un guerrier solitaire nommé Sasuke qui s'est vu ôter sauvagement son enfance, de ce fait ne vivant que pour la vengeance. Supervisé par Kakashi, un ninja énigmatique d'un tempérament insondable qui passe son temps à lire des livres érotiques. Ces mêmes livres sont écrits par Jiraya un pervers au grand cœur appréciant les plaisirs simples de la vie. Tout ce beau monde aide notre héros à évoluer dans sa quête initiatique. On le voit grandir, devenir quelqu'un de responsable, qui a conscience de son potentiel.
Ce manga a aussi la faculté relativement rare d'inclure des stratégies complètement démentielles à ses combats. Naruto est bourré d'idées tordues démontrant que la force est loin d'être le seul atout nécessaire à un combat couronné de succès. On n’est clairement pas dans une thématique de shônen basique où c'est celui qui gueule le plus fort qui emportera la victoire.
Conclusion cette première partie est excellente, On peut passer d'un moment de rigolade à un bain de sang traumatisant. Un véritable ascenseur émotionnel. C'est d'ailleurs stupéfiant de constater le nombre de scènes cultes qu'on peut voir par épisode. Pour ne citer que mes moments favoris, il y a: la scène où Sasuke brise cruellement les bras d'un autre ninja sous l'emprise de la marque maudite ou encore les premières apparitions de Gaara. Puis tout simplement le combat Lee vs Gaara, qui reste le plus beau combat que j’aie jamais vu dans l'animation. Je pèse mes mots, croyez-moi.
Arrivé aux Shippuden on change de propos, des guerres éclatent, des méchants un peu trop méchants surgissent, tout devient plus mature, plus sérieux, et pour cause: nos héros ont grandi.
Si cette partie est généralement nettement moins appréciée des fans, c'est parfaitement compréhensible. Premièrement on a le droit à un défilé de résurrections à la limite du risible. Il faut le voir pour le croire, c'est hallucinant. Au bout d'un moment on en vient même à se demander si c'est vraiment possible de mourir définitivement dans cet univers...
Puis il fallait oser faire revenir des personnages géniaux de la première génération de Naruto (qui au passage étaient complètement délaissés par les Shippuden), seulement pour les faire mourir c'est moyennement acceptable et encore moins triste. Durant la toute dernière partie les morts laissent l'impression d'être des cartes à émotion que l'auteur gardait dans sa manche, car elles sont parfaitement dispensables et arrivent vraiment au hasard.
Arrivé à ce qui était sans aucun doute le dernier acte, on assiste à une constante surenchère. Bien évidemment que le dernier combat se devait d'être le plus épique possible, mais de là à l'étaler sur plus de 100 chapitres, il ne faut pas abuser... Au final la lassitude s'installe d'elle-même et ça devient inexorablement de plus en plus pathétique. On voit des efforts presque désespérés pour donner une dimension épique à l'histoire, mais ça ne prend pas. J'avais juste envie de laisser fondre en larme l'auteur dans mes bras en lui disant "-C'est bon, t'as fait de ton mieux, arrête maintenant, arrête..." Pourtant on décèle une volonté de tout conclure le mieux possible, l'auteur se paye même le luxe de nous montrer l'origine de TOUT son univers. Malheureusement cette info censée être le summum de la coolitude n'a fait que tomber comme une goutte d'eau dans le vide de wtf ambiant qu'était la fin de Naruto.
Au bout d'un moment on s'en fout qu'il y ait une volonté de garder une certaine logique, c'est tellement tordu et surenchéri que ça en devient inévitablement long et chiant. C'est clairement pas de la surenchère cool à la Gurren Lagann, non là c'est de la surenchère lourde parce qu'elle n'a aucune cohérence avec l'univers mit en place préalablement. Par exemple, je vous parlais de stratégies un peu plus haut, dans la dernière partie du manga, ce mot est banni. On a l'impression de regarder un épisode de DBZ sérieusement. En deux putains de jours Naruto peut voler, sortir autant de Rasengan qu'il veut. (Je rappelle que pour maîtriser ne serait-ce qu'un seul Rasengan de la taille d'un ballon de baudruche ça lui a pris quelques semaines..,). Il peut aussi sortir assez de chakra pour aider la moitié de la terre, là y'a pas de souci, au point où on en est t'façon... Il est passé où le Naruto qui galérait à se cloner ou à monter un arbre à la con ?
Arriver jusqu'à la fin était un défi, j'ai d'ailleurs pris plusieurs mois à finir les 100 derniers chapitres, c'est dire à quel point elle était désagréable cette lecture. Finir Naruto était plus une promesse à mon moi enfant, que j'ai tenu tant bien que mal. En définitif, Naruto est un classique indétrônable, maintenant il va vieillir tranquillement et devenir une relique sacrée.
PS: Franchement rien que pour voir le visage de Gaara adulte ça vaut le coup de finir.