Voilà un anime qui me laisse perplexe. Ici on n'invente rien mais on fait du neuf avec du vieux. Angel Beats est un joyeux mélange de tout ce qui plait aux otaku et même un peu plus, sur fond d'un univers un peu bizarre qui laisse libre cours à un scénario débridé. Impressionnant de voir tout ce qu'on trouve dans Angel Beats, et à quel point l'histoire part dans tous les sens ; miraculeusement, le résultat final est plutôt digeste et assez convainquant.
A ce stade je suis quasiment certain qu'au premier jour du brainstorming d'Angel Beats, Jun Maeda est arrivé tenant sous le bras une longue Liste de Trucs Cools à mettre dans son nouveau petit bijou. Une héroïne semblable comme deux gouttes d'eau à Haruhi, une coodere "plus-coodere-tu-meurs", des bastons - arme blanche et à feu - parce que les bastons c'est classe, des histoires d'amour, des histoires de lycéens, de la J-pop à foison, des gens qui meurent (plusieurs fois), un hacker, un peu de magie et de programmation, de l'hypnose, des clins d'oeil divers, des gags à la con... A titre d'exemple, l'épisode 2 introduit la "Guilde", une espèce d'usine dans les sous-sols. C'est un endroit résolument steampunk, plein de rouages cuivrés et de machines bizarres, pour le moins inattendu ; eh bien, on ne le reverra pas de tout le reste de l'anime, puisqu'il faut l'évacuer à la première visite. C'est typique d'AB : le steampunk c'est cool alors on en fout un peu, mais pas trop non plus pasque bin c'est pas le but, quoi.
Ici rien n'est constant, tout change. C'est évident rien qu'à voir les deux héroïnes principales, une tsundere et une coodere, deux types de personnages qui par définition vont changer d'attitude à un moment ou un autre. Les premiers épisodes laissent penser qu'un schéma "un épisode, une disparition" va se mettre en place, mais... ben... non. On passe parfois dix minutes à regarder des débilités écolières vaguement sympathiques et puis voilà que ça embraye sur une baston qui sort de nulle part, suivie d'une grande révélation ou que sais-je encore. J'ai l'air de trouver ça mauvais, dit comme ça, mais finalement tout s'enchaine plutôt bien, le contexte aidant à donner à chaque instant un arrière-goût de fraîcheur.
Je pensais qu'il y avait largement de quoi râler sur ce méli-mélo "spécial otaku" mais j'ai finalement été étonné d'adorer ça. Cela dit, il y a un prix à payer pour avoir voulu faire tenir tout et n'importe quoi en 13 épisodes, et c'est le fil conducteur qui a pris. Non pas qu'il n'y en ait pas, c'est juste que l'anime s'amuse à changer totalement de direction n'importe quand. Les premiers épisodes introduisent plein de personnages - trop - et on se rend compte qu'à mi-parcours, certains ont été jetés aux oubliettes, comme si le réalisateur se rendait compte qu'ils ne servaient à rien.
J'en suis ressorti plutôt conquis, agréablement surpris, mais pas tout à fait satisfait - ceux qui me précèdent ont largement développé le fait qu'il faudrait purement et simplement doubler le nombre d'épisodes pour organiser tout ça un peu mieux. Etant donné tout ce qui a déjà été dit, je craignais un peu que la fin ne soit qu'une apothéose du WTF et une preuve qu'Angel Beats a été écrit par un singe ; mais non, là encore, j'ai été surpris. Surpris par une fin douce et bien amenée, par une scène remarquable (le gymnase) et par une bouffée d'émotion que je ne m'attendais pas vraiment à ressentir.
Etant donné le monde étrange dans lequel se passe l'action et les objectifs mis en avant par Yurippe, on se retrouve également avec quelques petites réflexions sur la mort, le bonheur, Dieu. Inutile de se voiler la face : elles n'ont qu'un intérêt décoratif, au sens où il est normal que les personnages s'interrogent de temps à autres ; de là à trouver ça intéressant, non. C'est basique, mais on s'en fout - c'est encore un truc qui sort de la Liste des Trucs Cools de Jun Maeda.
Angel Beats, c'est un peu n'importe quoi sur les bords, mais c'est frais et, malgré l'abondance de clichés et de maladresses, atypique. Il y a là largement de quoi passer un bon moment, d'autant que graphiquement c'est vraiment pas dégueulasse. Bref, un divertissement aussi efficace que déroutant. J'allais mettre 7, mais bon, il y a ce fameux épisode 13, alors...