Casshern Sins : un petit peu de poésie dans un monde de brutes. Au milieu d'un monde post-apocalyptique aux décors quasiment vides à perte de vue et où la génération des robots s'avance vers sa fin, Casshern, un robot parfait et immortel, se réveille amnésique.
Le premier épisode est une vitrine de la série, c'est avec lui que le spectateur va être séduit. On y découvre l'esthétique soigné de Casshern Sins, autant au niveau des personnages dont les traits sont maîtrisés que des décors qui même en étant presque désertiques envoûtent le spectateur par l'ambiance qui s'en dégage. L'animation n'est pas en reste et on se retrouve bouche bée devant des combats qui sont de véritables chorégraphies dans lesquelles Casshern est magnifié. Pour moi qui ne remarque quasiment pas la musique à part quand elle est très bonne ou horriblement inaudible, celle qui couvre Casshern Sins est un véritable régal, elle se cale de façon à accompagner l'action ou l'ambiance qui se créée au fur et à mesure, elle est toujours là au bon moment, comme il se doit, un pur régal.
Casshern Sins est un anime à multiples facettes. D'abord anime introspectif de part le manque de mémoire de Casshern et le fait qu'apparemment la mort imminente des robots soit de sa faute, Casshern commence à se poser des questions, sur lui, la vie, l'humanité. C'est en rencontrant des personnes à chaque épisode, en apprenant comment chacun fait face à la mort (parfois de façon très surprenante qui fait pas mal réfléchir d'ailleurs) qu'il développera ses pensées jusqu'à son humanité à sa façon. Ensuite, anime contemplatif qui va de pair avec l'introspection du héros, pour que la poésie s'insinue dans cette réflexion au fil de l'anime, les décors en eux-mêmes sont très importants, et c'est un pari réussi ici. Même lorsqu'il ne se passe pas grand chose lors d'un épisode, l'ambiance en tant que telle avec les décors soignés, la musique comme il faut font tout et le spectateur est pris au piège. Coincé dans un monde sombre où la population se meurt, se défend face à cette mort imminente parfois de façon cruelle et violente mais où les décors sont magnifiques et certaines rencontres faites réchauffent le coeur et redonnent un espoir fugace mais tellement salvateur. De plus la construction de certaines relations qui s'effectuent petit à petit tout au long des épisodes est pleine de richesse. On voit se rapprocher certains personnages de façon assez subtile pour finalement se rendre compte de ces relations devant le fait accompli. Casshern Sins arrive à nous offrir des choses pas mal éblouissantes dans ce monde post-apocalyptique très noir.
Casshern Sins, c'est ça : c'est beau, ça nous touche parfois beaucoup mais il y a toujours cette ombre de mort au dessus des personnages. La tristesse vient donc de pair avec la beauté dans cette série, toujours. C'est cette composante qui rend le tout très poétique finalement, et qui accentue les sentiments que peut véhiculer chaque épisode. Il y a le sombre et la laideur d'un côté avec la lumière et la beauté de l'autre, mais la beauté et la lumière sont tellement nécessaires à ces personnages en manque d'espoir que cela irradie jusqu'à rendre ce que l'on nommerait classiquement la laideur, belle.
Oui, Casshern Sins est pour moi une expérience magnifique, pleine de beauté, de tristesse, de poésie, d'animation fluide et superbe, de musique envoûtante et d'une ambiance qui n'a pas son pareil. Seulement j'ai un souci avec l'histoire. Bien que la beauté irradie comme je le dis plus haut, on a aussi droit au classique qui fait qu'un personnage d'extérieur très beau renferme en lui un esprit très laid. D'où mon aversion totale pour le personnage de Luna, elle sert à quoi en fait elle ? Qui est-elle vraiment ? Pourquoi elle choisit de faire ceci ou cela ? Pourquoi tout le monde l'adore ? Il n'y a aucune raison ni réponses et encore moins à cette dernière question qui pour moi serait la plus importante. De même, on comprend un peu qui est Braiking Boss, mais il reste un gros flou sur le pourquoi de ses actions dans le passé. C'est vraiment dommage que le coeur de l'intrigue soit aussi bâclée je trouve. Bien sûr l'introspection de Casshern est le point principal, mais là aussi son évolution se fait relativement rapide parfois et tombe dans la facilité. On se retrouve un peu frustré, cette série mériterait d'être traitée de façon plus profonde, l'introspection de Casshern est beaucoup trop simple et le tout est renforcé par le personnage en lui-même, beaucoup trop muet à mon goût.
Heureusement les personnages secondaires rehaussent le tout, Lyuze aide pas mal Casshern à évoluer même si elle, niveau sentiments, on la calcule à 10km et qu'elle met beaucoup trop longtemps à s'ouvrir les yeux. Ringo aussi est sympathique, au départ on peut la trouver ennuyante à toujours répéter "Casshern" sans cesse, mais elle sera l'un des personnages les plus importants dans l'entourage de Casshern, bien avant Lyuze mine de rien.Au niveau personnage intéressant, Casshern Sins nous offre une perle : Leda, personnage torturé, très intéressant, jamais classique comme personnage, on apprendra à la connaître jusqu'au bout, une vraie performance pour un personnage secondaire, elle restera mon personnage préféré de cette série.
Ainsi, avec cette façon de traiter l'histoire, parfois on ressent que ça traine quelque peu en longueur, bien sûr il y a l'effet contemplatif à prendre en compte. Seulement, parfois ça ne fonctionne pas, c'est juste un manque scénaristique et c'est donc gênant.
Casshern Sins est une série très belle et triste, avec une fin grandiose en accord avec son identité, quelques petits défauts se ressentent quand même, mais au vu de ce que l'on ressent face aux personnages, à leur introspection, à la musique, à l'univers, à l'ambiance, à l'animation, cela reste, non pas négligeable, mais minime. Casshern Sins est une très belle réussite et un anime qui m'a fait vibrer comme très très peu ont réussi à le faire.