Casshern Sins prouve que poésie peut flirter avec la science fiction. En y réfléchissant, flirter n'est pas vraiment le terme approprié. Remplaçons-le par «danser». Pourquoi ce mot? Parce que le héros, un cyborg nommé Casshern s'élance d'une manière majestueuse tel un danseur de ballet avant de porter des attaques foudroyantes et mortelles.
Ne soyez pas effrayés, il ne porte pas un tutu rose, juste une combinaison blanche moulante héritée d'un design old school des années 1970. Cela pourrait rebuter certains. Il suffit de se dire que, même en 2010, Superman revêt toujours sa combinaison bleue avec un slip rouge...
Rassurez-vous également, il n'effectue pas non plus des entrechats. Mais le mieux est de visionner l'épisode 8 pour comprendre ce qui a été décrit plus haut. C'est un des meilleurs épisodes de la série même s'il faut faire abstraction des chansons chantées en anglais. Néanmoins, cet épisode reste marquant une fois l'animé terminé. Il ne sera pas le seul, l'épisode 9 est tout aussi magnifique. Terrible et beau à la fois, à l'image du premier qui séduit dès les premiers instants.
L'opening n'est pas du niveau d'un Elfen Lied, étonnant face au lyrisme de l'animé. L'ending a été vite entendu, vite oublié. Les chara-design de certains personnages sont assez spéciaux mais pour des habitués de la japanimation, ce ne sera pas un frein. L'utilisation de tons pastels se révèle un bon choix pour accentuer le contraste avec des décors riches et variés. Très beau travail pour le rendu d'un univers apocalyptique, désertique à la beauté froide.
La mort vous fait-elle peur? Cette question paraît certes abrupte, seulement Casshern Sins traite d'un sujet qui obsède l'homme depuis des siècles et des siècles. Pourtant de ce thème pas très joyeux découlent de nombreuses questions existentielles. Celles à quoi les auteurs invitent les spectateurs en suivant le voyage initiatique du héros.
Selon les degrés de lecture, le parcours pourra paraître long au cours de ces 24 épisodes. Le rythme souffre d'une certaine lenteur durant la première partie. Même si les rencontres sont belles, l'impression de faire du sur place est dû au schéma répétitif 1 épisode / 1 rencontre. De même qu'il paraît étrange que le scénario s'axe essentiellement sur la mort. Qui dit mort, dit tristesse et mélancolie. Or, à un niveau mystique, la mort et la vie représente soit le côté pile soit le côté face d'une même pièce de monnaie. L'une ne peut aller sans l'autre.
Par chance, les épisodes suivants traitent cette ambiguïté qui peut faire peur en premier lieu mais qui peut aussi ouvrir la voie à une autre dimension. La fin de l'animé est superbe spirituellement parlant. En langage «occidental» (si je peux me permettre cette expression), elle semblerait étrange et incomplète, en langage «oriental», elle correspondrait à une étape franchie avec succès.
La force de Casshern Sins réside également dans cet univers où la frontière entre robots et humains est complètement floue. Avant tout machine ou avant tout humain? Pour le savoir, partez donc à la rencontre de Braiking Boss, Lyuze, Ringo, Dio et Leda. On pourra regretter que les «méchants de service» soient mal exploités. Leurs réflexions sont pourtant intéressantes...
Quand aux «gentils de service», ils représentent la lumière qui se cache derrière l'ombre. Tout comme le principe de la vie et de la mort, l'une ne peut aller sans l'autre.
A partir du moment où la série s'axe plus sur la continuité du récit, le niveau monte d'un cran pour arriver à l'apothéose : la rencontre Luna/Casshern. Leur adieu est terrible. Les derniers épisodes sont de grande qualité, si rare de nos jours.
Casshern Sins réveillera-t-il le poète-robot qui est en vous?