NHK ni Youkoso! Comme si on vous disait bienvenu sur TF1 ! Vous ne vous méfieriez pas, jamais vous ne penseriez que PPDA, Claire Chazal, soient de mèche avec les Pokémons dans le grand complot que la société entière a monté contre vous. Si ? Ah, quand même… Avec une bonne médication cela devrait passer. C’est tout le problème de Sato, qui vit reclus depuis presque 4 ans dans quelques mètres carrés et dont l’esprit est sur le point de vaciller vers la folie furieuse. Jusqu’au jour où une jeune femme lui propose un étrange marché: participer à son projet et donc le guérir de son mal, celui d’être un hikkikomori, en respectant les clauses d'un véritable contrat sous peine de lui devoir 1 million de Yens. Rien de moins.
C’est une histoire de fous, me direz-vous, et vous avez raison, ils sont tous plus ou moins fous dans cette série ou en tout état de cause dans un état psychologique précaire. Plus l’animé se déroule et plus Sato fait la rencontre ou plutôt renoue avec des personnes de son passé qui ne sont parfois pas mieux lotis que lui. Entre Yamazaki, qui se trouve être son voisin depuis des mois (je vous rappelle que Sato ne sortait pas de chez lui), qui est un otaku frappé par le complexe du lolikon (en bref un accroc des jeux vidéos dont l’idéal féminin est un personnage de manga), sa sempaï Hitomi, jeune femme brillante, diplômée de la prestigieuse université Todaï, en bute avec la médiocrité du monde, de son environnement professionnel, accroc aux anti-dépresseurs et aux tendances suicidaires. Mais, également, son ancienne déléguée de classe victime d’un escroc et qui pour retrouver un semblant d’estime pour elle-même est devenue aussi un escroc. On ne peut pas dire que Sato soit particulièrement bien entouré pour se sortir de ses névroses.
Reste la jeune femme, Misaki, l’autre véritable personnage principal de l’animé. A la fois, seule balise qui rattache Sato à la réalité dans les eaux tumultueuses de son âme torturée, objet de ses obsessions, mais aussi plus trouble quand elle dit qu’elle s’est approché de lui parce qu’elle avait trouvé un être encore plus méprisable qu’elle. C’est elle qui l’amène à briser son quotidien totalement monotone, c’est aussi elle qui peut être la cause de certaines de ses rechutes les plus profondes.
Vous l’aurez compris, aucun des protagonistes ne sort véritablement indemne de cette série, pour autant elle n’est que rarement triste. Mêlant le comique de l’absurde à celui de situation, elle touche souvent juste. Pour qui a connu des gens vivant des jours véritablement difficiles, il sera plaisant d’avoir le sentiment d’un «déjà-vu». En effet, les personnes vulnérables s’attirent souvent entre elles mais plus encore elles sont victimes de véritables prédateurs, de gens qui s’y entendent comme personne pour exploiter les failles. Je ne dirai pas que l’on rit souvent en regardant les mésaventures de Sato, on sourit. Mais ces sourires ne sont que rarement gratuits, ils sont teintés d’amertume à la vue de cet écorché vif qui se débat pour s’en sortir, qui se trompe souvent, qui choisit encore plus fréquemment la solution de facilité pour mieux se mentir à lui-même.
Cet animé me rappelle fortement la nouvelle de Yoshimoto Banana intitulée « Lézards » avec ses personnages autocentrés, frappés par cette incapacité à communiquer avec le monde extérieur tout en désirant plus que tout être compris par les autres, par leur immaturité.
NHK ni Youkoso! est décidément un excellent animé. Je me risque à le dire même s’il n’est pas totalement terminé et si l’issue reste incertaine. Il risque de ne pas forcément être compris de tous et apprécié à sa juste valeur car je crois que pour cela il faut avoir un peu de vécu. Mais cela n’est pas forcément une question d’âge, car on peut avoir 50 ans et ne pas savoir grand-chose de la vie.