Si le concept de base nous charme, si tous les mystères qui entourent Saya nous attirent, Blood+ ne parvient tout de même pas à accrocher le spectateur. S'attaquant à l'une des oeuvres cultes de la japanimation, le staff technique a voulu trop en faire, et parvient à peine, au final, à nous faire suivre les 50 longs épisodes qui composent la série.
Le premier épisode est trompeur. Il nous laisse entrevoir des images sombres, violentes, presque glauques. Une Saya enragée fend l'air avec son katana, les yeux aussi rouges que le sang glissant le long de sa lame. Des soldats affolés, tirant dans tous les sens, hurlant, cherchant à fuir ce monstre qui les poursuit. Cette ambiance, proche du film "Blood : The Last Vampire", ne sera pas visible dans la série. En effet, après ce rapide aperçu de la Saya des années 70 (la scène se passe pendant le Vietnam), celle de notre époque nous semble bien insipide. Jeune lycéenne d'Okinawa, elle vit avec son père adoptif ainsi qu'avec ses deux "frères" : Kai et Riku. Elle a vraissemblablement oubliée ce qu'elle était, et a une existence des plus banales. Seul point sombre lui restant, son chevalier : Haji. Le lien les unissant ne nous est dévoilé que bien plus tard dans la série, mais les douleurs et les épreuves traversées les unissant se ressenttent dès leurs retrouvailles. Rapidement, les premiers chiroptériens apparaissent, pathétiques et grossiers comparés à l'intelligence dont ceux du film sont capables de faire preuve. Non, ceux que nous voyons ici sont en bas de l'échelle, de simples animaux, vulgaires et répugnants. Bien que Saya ne se souvienne toujours pas de qui elle est, elle sent qu'elle doit se batte, que son sang est la solution pour éliminer ces viles bestiolles. Et c'est ainsi que le (trop) long périple de Saya et sa clique commence....
Visuellement, c'est relativement inégal. Certaines scènes sont réellements très soignées et très bien réalisées, mais malheureusement, elles sont bien plus rares que les vulgaires scènes de baston, qui ne bénéficie d'aucun cadeau. Le staff technique n'a pas dû trouver les chiroptériens assez laids à son goût et s'est probablement dit qu'un chara-design mal fait et qu'une animation pourrie les enlaidiraient un peu plus. Dommage, ça ne marche pas comme ça. Les décors sont parfois laids, parfois beaux ; on a l'impression que quand la scène plait au staff, elle est bien traitée, mais quand elle ne les interesse pas, il l'abandonne et ne fournit que le minimum syndical. Les lumières par contre sont bien utilisées et bien mises en valeur tout le long de la série ; on a droit à de jolis effets assez régulièrement.
Le character-design, quand il est soigné, peut vraiment bien rendre. Saya, avec ses yeux rouges et son expression enragée, parvient à nous captiver le temps d'une scène, tout comme l'effrayante Diva, calme, joueuse, mais sadique au possible. Les chevaliers (personnes mordues par un vampire et dôtés de l'immortalité ainsi que d'une force surhumaine) sont pour moi les personnages les plus interessants. Amshel, avec son allure XIXème et Solomon, avec son élégance, nous attirent, nous donnent envie d'en savoir plus sur leurs histoires respectives, à travers les époques. Il en est de même pour Haji, lui aussi très élégant et ayant un style bien à lui au niveau du dessin. Les autres sont moins interessants visuellements. Le danseur étoile et le soldat n'ont rien de bien passionants et apparaissent moins régulièrement que les autres.
La qualité de l'animation dépend elle aussi des scènes. Certains combats entre chevaliers, ou contre les Corpse Cops (sorte de super-soldats) sont vraiment bien faits. Les déplacements ultra-rapides et la puissance de chaque coup porté sont extrêmement bien rendus. L'utilisation des ralentis, parfois un peu abusive je l'admet, parvient à nous faire bien comprendre les combats vraiment rapides et donne un petit côté classe à la série.
Il est clair, lorsque la série est finie, que le staff s'est concentré uniquement sur un nombre restreint de scènes, certainement considérées comme importantes, voir vitales pour charmer le public. C'est vrai, ces jolies scènes sont importantes, mais qu'est ce qu'il est énervant de passer du beau au laid, voir à l'hideux, en moins de deux secondes.
Voyons maintenant le scénario. Il m'a vraiment plû et est en fin de compte vraiment complet. Toute le série tourne autour des histoires de Saya et de Diva. L'une a vécu dans l'isolement, seulement accompagnée de son éternel compagnon Haji, tandis que l'autre faisait tranquillement son ascencion sociale via ses chevaliers. Le contraste est déroutant. Au fur et à mesure des épisodes, on prend conscience de l'étendue de l'empire que s'est construit Diva. Chacun de ses chevaliers travail pour elle dans différentes branches, et tous sont à la tête de gigantesques entreprises, ce qui leur permet de vivre comme des princes.
Bien entendu, tout va s'articuler autour du combat opposant Saya et Diva, mais je trouve que cet élément principal du scénario n'est vraiment pas le plus interessant.
Nombreux sont les épisodes flashback, nous permettant de découvrir l'origine des différents chevaliers, ainsi que les parcours des deux soeurs, de leur naissance à "aujourd'hui". Ces flashbacks représentent pour moi l'aspect le plus interessant de la série. J'ai trouvé ça tout simplement fascinant de retrouver les mêmes personnages, une centaine d'années auparavant, devenant des êtres immortels plus ou moins volontairement. Il faut dire que les chevaliers de Diva en imposent. Véritable puits de savoir, et maîtrisant énormément de domaines, ils fascinent le spectateur.
La trame est très inégale. Il m'a semblé voir trois différentes parties dans la série. La première irait de l'épisode 1 à 20, et est particulièrement lente. Saya recherche son passé, récupère, réapprend à se battre, etc, etc...C'est une forme d'introduction, vraiment mal gérée et beaucoup trop longue. La deuxième va de l'épisode 20 à 40. C'est dans cette partie que les flashbacks les plus interessants et les plus importants se font. De plus, l'histoire s'accélère, se développe et devient réellement prenante durant ces 20 épisodes. On y trouvera aussi les meilleures scènes d'action et les passages les plus marquants. La dernière partie va réellement s'axer sur le combat opposant les deux soeurs, et négliger tous les autres éléments du scénario. Dans cette dernière partie, le visuel est plutôt soigné, mais le rythme chute grâvement et malheureusement, on s'ennuie. "Il est temps que la série se termine", voila ce que je n'arrêtais pas de me répéter. D'ailleurs, le final est plutôt décevant. Après tout ce temps, on pouvait s'attendre à quelque chose d'énorme, que l'on oublierait pas de si tôt. Eh bien désolé, mais on oubliera vite la fin de Blood+. En revanche, je n'oublierai pas les excellents passages qui apparaissaient de temps à autres, et je n'oublierais pas les chevaliers, qui auraient mérité d'être encore plus travaillés.
A côté de ça, nous avons Hans Zimmer et Mark Mancina à la musique, et ils la font bien. Certains thèmes sont tout simplement excellents. Je pense nottement à la chanson de Diva, très jolie, et aux thèmes "tristes" de Saya. Malheureusement, la série à tendance à abuser de ces bons morceaux et on arrive très vite à l'overdose.
Les doubleurs font un travail décent, et s'améliorent progressivement au fur et à mesure des épisodes.
Pour conclure, je dirais que Blood+ fût une série trop gourmande. A force de vouloir en faire trop, on ne parvient à rien, voila ce que l'on se dit à la fin du dernier épisode. Certes, il y a du spectacle, certes, le scénario contient de bons éléments, mais ils ne sont pas assez nombreux pour faire de Blood+ une excellente série. Comme je l'ai dit, on n'oubliera pas les bons points, mais on se souviendra aussi des mauvais, trop nombreux et trop récurrents pour être ignorés. J'aurais préféré une série plus courte, sans longueurs et avec un final qui nous en aurait mis plein les pupilles et qui nous aurait empêché de dormir tant il aurait été grandiose. Peut-être aura-t-on droit à cela pour la prochaine série venant de chez I.G.