Comme pas mal de monde, j’avais Blood the Last Vampire en tête au moment de lancer le premier épisode de Blood+, pilote tenant lieu d’entrée en matière, par ailleurs assez trompeur car absolument pas représentatif de l’ambiance et du design de la série. En effet, l’atmosphère de Blood+ est finalement bien moins sombre – moins glauque j’ai envie de dire – que le moyen métrage de Kitakubo. D’un autre côté, les nombreuses questions soulevées trouveront ici des réponses détaillées.
Avant tout, Blood+ développe un scénario à tiroirs plutôt riche, jouant fréquemment sur l’utilisation réussie de flashbacks. Ces derniers apportent une certaine ampleur à l’œuvre dont l’action s’étend sur près de deux siècles ! Le deuxième élément caractéristique des aventures de Saya concerne l’amplitude géographique de ses déplacements, d’Okinawa au Viêt-Nam, de la Russie à la France, sans oublier le Royaume-Uni et les USA. Rarement un anime ne nous aura fait autant voyager, chose d’autant plus agréable que les décors sont dans l’ensemble plutôt soignés. Il est néanmoins plus que regrettable que l’unique langue utilisée soit le japonais, sans le moindre accent étranger qui plus est. Loin d’être parfaitement maîtrisée, l’histoire affiche quelques maladresses (tout l’aspect scientifique autour des chiroptères frise le ridicule, cf. cinquième nucléotide et consorts), quelques longueurs (sur cinquante épisodes, rien d’étonnant, mais quand même) et des retournements de situation improbables. Pour autant, l’épopée de Saya se révèle très prenante.
Evidemment, la jeune femme est épaulée par de nombreux adjuvants, à commencer par l’énigmatique Hagi, mon personnage préféré. Summum de laconisme et combattant infatigable, ce mec a une classe folle. Sa froideur extérieure cache cependant des sentiments pour le moins ardents. Dans l’ensemble, les autres persos secondaires sont réussis, bien qu’un poil caricaturaux, chacun ayant une personnalité et un look très tranché. Dotée d’un caractère bien trempé, Mao Jahana m’a tout de suite plu, mais elle risque d’en agacer plus d’un ! Au fil des épisodes, la chétive Saya s’endurcit tout en gardant ce côté fragile et vulnérable. De plus en plus perceptible, sa souffrance qu’elle peine à cacher est un des éléments les plus poignants de la série. Au passage j’aime beaucoup son nouveau look, lors de son come-back aux deux tiers de l’aventure. Un peu pénible au début, ce personnage devient vite très attachant, ce qui est aussi le cas de son frère Kai. Bien qu’ un peu prévisibles, les relations entre les membres de fines équipes sont relativement bien développées.
Sur le plan de la technique, y’a du bon et du moins bon. Bien que parfois criards, les divers environnements sont parfaitement convaincants, avec parfois des éléments de synthèse modélisés avec succès (voitures, hélico, le fameux couloir de la tour de Diva, etc). Le character-design est quant à lui très inégal. A quelques exceptions près, les visages sont bien dessinés, mais les variations d'expressions sont parfois maladroites et irréalistes. De même, chaque changement d'angle de vue a tendance à déforme légèrement les visages. Ajoutons à ce bilan mitigé la médiocre synchronisation des lèvres (notamment lorsque Diva chante) et les gestes lorsque Hagi joue de violoncelle. L’impression d’ensemble reste néanmoins assez satisfaisante. Visuellement le troisième opening est clairement splendide, mais c’est bien le seul. Côté zik, beaucoup de bonnes choses et la bande-son est bien adaptée à l’action. Il est juste un peu dommage de voir le thème principal recyclé à toutes les sauces.
Pour terminer, Blood+ possède pas mal de qualités mais souffre d’une prolifération de dialogues creux, d’une certaine emphase, d’un excès de bons sentiments et d’une réalisation inégale. Mais si les histoires de monstres et les combats endiablés vous bottent, vous auriez tort de ne pas tenter le coup.