Critique de l'anime Code Geass (TV 1)

Voilà un anime captivant à plus d'un titre, et un des rares dont le scénario permet encore d'être surpris au 23ème épisode.

Mais commençons par les graphismes, qui ne laisseront personne indifférent à coup sûr. Car ici, le coup de crayon est radical, les lignes décrivent volontier des courbes osées ponctuées ça et là d'angles prononcés. Je pense ici tout spécialement au costume de zéro dont le mouvement accompagne parfaitement la psychologie du personnage, décisif et inquiétant à la fois. A ceux qui découvriraient l'anime, certes le dessin n'est pas réaliste, mais il participe de l'ambiance générale et devient vite attachant.

Quant au scénario, il est l'un des plus attractifs à mes yeux depuis celui de Death note, à ceci près qu'il se maintient durant plus de dix épisodes contrairement à ce dernier. En effet, la trame de code geass ne cesse de gagner en profondeur et en tragique, à mesure que la situation évolue. J'exclue ici cependant les épisodes avec Mao dont l'intérêt me semble pour l'instant nul. Et si Death note me faisait inéluctablement penser au chef d'oeuvre de Dostoïevski, code geass me rappelle étrangement le film Lawrence d'Arabie. Il est tout à fait passionant de voir Lelouch sombrer peu à peu dans la folie, à mesure que sa qualité de chef de la résistance lui entache les mains de sang.

Par ailleurs, je trouve que cet anime prend l'allure d'un pamphlet politique et puise toute sa force dans un dilemne, sans cesse renouvellé à chaque confrontation entre les deux protagonistes principaux. Est-il légitime de rentrer en résistance contre le système établi, qui plus est avec des armes? Briser les institutions reliant les hommes entre-eux sous la répression n'est-il pas le crime suprême, ce crime oedipien par excellence? Ou bien la lutte armée contre un ordre injuste et discriminatoire est-elle le seul moyen de rétablir une identité et de préserver son intégrité? Bref suivre la voie du carnage pour abolir le carnage.

Ce dilemne est d'autant plus intéressant, que Suzaku, principal opposant de zéro, se refuse à perpétrer ce crime oedipien contre les institutions parternelles incarnées par l'empereur, alors même qu'il est parricide. D'où le paradoxe dans lequel nage le personnage, se défendant par l'argument idéaliste classique, "la fin ne justifie pas les moyens".

A l'opposé, se trouve zéro, britanien contre les britaniens, meneur d'hommes énigmatique, qui peine à définir les objectifs réels de son organisation, tant il est vrai que ses intérêts personnels sont imbriqués avec ses motivations politiques.

Cet anime regorge donc de personnages charismatiques, possède une intrigue tout à fait prenante, en phase avec l'actualité politique (à moins que ce ne soit une réminiscence du passé japonais), et conserve un rythme posé et tout à la fois tendu à l'image du jeu d'échecs.

Le seul bémol venant baisser quelque peu la note serait le fait que le massacre de shinjuku (si je me souviens bien) n'ait pas été révélé à Suzaku pour le convaincre.

Je le recommande donc à tous les amateurs d'animes qui ne prennent pas la route des shonens sans fin.