Critique de l'anime Code Geass (TV 1)

» par LordFay le
02 Novembre 2010
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On va faire un envoi groupé, cette critique traitera à la fois de la première saison et de la seconde. Avant de commencer, je dirais simplement que les deux forment un tout cohérent, une histoire unique, que je n'ai pas envie de séparer en deux parties malgré quelques différences. (qui a dit que c'était de la flemme... ?)

Bref. Code Geass. Série populaire aux nombreux atouts, qui traîne son bon gros lot de fan mais aussi quelques critiques virulentes contre des points qui précisément sont élevés au rang de qualité autrepart - son scénario, par exemple. Et, à bien y regarder, ça se comprend : Code Geass est une série excellente, mais qui arbore quelques défauts plus ou moins gênants.

Ce que j'en retiens, en un mot : ben... je suis dans le tas de fans, simplement. Ne comptez donc pas sur moi pour démolir la série au nom de ces quelques points noirs. Mais plutôt que de les négliger, j'aimerais montrer comment, à mon sens, certaines bizarreries ou incohérences de l'anime sont parfois ses plus grandes forces. C'est à dire, comment Code Geass arrive à surpasser ses défauts et même à les sublimer.

Commençons par le commencement, la réalisation. Graphiquement c'est joli, c'est bien animé, et le chara design clampien en ravira plus d'un - bon, pour les autres, il faudra supporter un peu le bishonen (Lelouch et Suzaku en particulier). Mais les personnages sont bons, et les bishonen pas si présents que ça, alors, ça ira.

Ceci dit, premier constat : dans un univers bien sérieux, souvent assez sombre, on nous présente de beaux environnements colorés et surtout des personnages dotés de couleurs d'yeux et de cheveux farfelues. Si les Japonais sont à peu près normaux (Tôdô et ses compatriotes ont sagement reçu des yeux et cheveux noirs), les Britanniens s'offrent de jolies chevelures vertes, bleues ou roses. C'est bien beau certes, mais est-ce approprié ? On y gagne tout de même quelque chose : les beaux yeux de monsieur Lamperouge collent à l'intensité dramatique de l'action, la crinière rose bonbon de miss Euphémia participe à son innocence... Bref, ces quelques extravagances, un peu malvenues, passent plutôt bien et font leur petit effet. Au final, on s'y habitue vite, mais le réalisme en prend un coup.

Rien à redire sur le mecha-design ni sur l'animation des combats tout à fait satisfaisants.

Musicalement, c'est pas mal du tout. Les openings et endings m'ont peu marqué, mais les thèmes de l'anime sont vraiment bons. Il est à noter que les meilleurs mettent parfaitement en lumière l'aspect dramatique, théâtral des évènements : les discours de l'Empereur sur fond de "All hail Britannia" sont un bon exemple de la façon dont l'OST charge l'action en intensité.

Ca peut sembler un peu too much parfois, mais c'est globalement une réussite.

Du point de vue des personnages, on est très bien servis. Déjà, Lelouch est plutôt exceptionnel : génie charismatique, stratège hors pair, sa vision du monde et de la justice arrive à ne pas être vraiment morale (il prône, en gros, que la fin justifie les moyens... et les barrières qu'il s'impose tombent les unes après les autres) sans pour autant tomber dans une folie un peu trop manichéenne comme le ferait un Kira de Death Note.

Ensuite, Suzaku, son ami d'enfance et adversaire malgré lui... Il est une des raisons pour lesquelles je préfère la seconde saison à la première. Soyons clairs : Suzaku dans la saison 1 est idéaliste et chiant. Suzaku dans la saison 2 est désespéré et beaucoup plus intéressant... Plus l'histoire avance et plus le duo Lelouch/Suzaku fonctionne bien, sans pour autant tomber dans une lacrymalité (faites comme si ça existait) type Gundam Seed : Lelouch n'a qu'une seule vraie grosse période de déprime et d'àquoibonnisme, bien placée dans le récit, et s'avère le reste du temps suffisamment déterminé pour faire le nécessaire.

Quant à Suzaku, eh ben, il s'en prend plein la gueule et c'est bien fait pour lui, il avait qu'à pas être chiant comme ça dans la saison 1. (On me signale un léger manque d'objectivité, mais passons...)

Outre le duo de choc, Code Geass propose une floppée de personnages secondaires et la plupart sont bons voir excellents. Notez que si quelques-uns ont un rôle de comique/potiche de service, ils sont rares et pas trop influents, ce qui est plutôt appréciable. Même Shirley est tout à fait supportable.

On note aussi CC dans le catalogue des persos importants ; CC, aux motivations brumeuses, qui sait se trouver à l'écran quasiment aussi souvent que Lelouch sans être le moins du monde envahissante. Elle est là, point. Sa relation avec Lelouch est assez particulière et vaut le coup d'oeil.

On appréciera aussi le fait qu'il n'y ait pas un méchant unique à combattre. L'adversaire ultime de Lelouch, qui est-ce ? Charles, Schneizel, Suzaku, ou encore Lelouch lui-même ? C'est une question de point de vue... Les multiples personnages sont là pour nous rappeler qu'il y a beaucoup de choses en jeu dans cette affaire et donne une complexité bienvenue à l'histoire.

On attaque donc le gros morceau : le scénario. Ah, le scénario.

Il est incohérent, intelligent, tordu, théâtral, bien construit, mal construit... Il mérite pas mal de superlatifs, piochés un peu n'importe où. Comment ça se fait ? On en arrive au noeud du problème. Pour dire ça simplement : Code Geass sacrifie une part de réalisme et de cohérence, au profit d'une atmosphère et d'un contexte théâtraux, voués à impressionner, à faire frissonner. Ca peut en rebuter certains, et pourtant c'est monstrueusement efficace.

Alors, ceux qui cherchent une intrigue menée de main de maître, d'une logique redoutable, risquent d'être un peu déçus. Mais si vous acceptez de laisser le pinaillage au vestiaire, le résultat est grandiose. Car oui, l'aspect dramatique de Code Geass est extrêmement bien rendu. L'histoire est splendide, ses rebondissements sont délicieux (même si certains sont prévisibles). Ca rejoint tout à fait ce que je disais sur les coupes de cheveux décalées : les quelques incohérences de Code Geass, les bizarreries, sont au service de cette espèce d'intensité que possède l'anime dans ses moments les plus forts. Et c'est une belle réussite.

Je ne vous dis pas de débrancher votre cerveau pour regarder Code Geass, vous en aurez besoin pour l'apprécier dans sa globalité. Mais ne vous blasez pas parce que les coups de bluff ou de culot de Lelouch marchent un peu trop bien. Cette espèce de fluidité forcée (appelez ça niaiserie si vous voulez) fait finalement de Code Geass une série particulière et excellente que je ne peux que conseiller vivement.

Alors, bon, il reste tout de même quelques imperfections qu'on ne peut pas décemment compter comme positives. On note ainsi quelques épisodes un peu hors-contexte, un peu vides, comme la poursuite du chat ou les magouilles de Mao, principalement vers le milieu de la saison 1. La saison 2, plus uniforme et plus sombre, en est presque exempt.

(le "presque" n'est pas là pour rien !)

On peut aussi accuser le fan-service de se faire un peu trop présent par moment. Même s'il n'y a quasiment aucun passage purement dédié à l'ecchi, quelques choix de mise en scène sont clairement orientés (Pourquoi Lelouch vient discuter avec Kallen pendant qu'elle prend sa douche ?...). Ceci dit il sait rester au placard lorsque c'est nécessaire, et c'est déjà pas si mal.

Voilà. Je n'ai plus grand-chose d'autre à dire, à part : regardez Code Geass, si ce n'est déjà fait. C'est une très bonne série, dotée d'une fin magnifique et d'un scénario vraiment intéressant moyennant quelques compromis. Je ne peux décemment pas mettre 9 ou 10 vu certains défauts objectivement béants, mais je n'ai aucune envie de descendre en-dessous d'un...

Verdict :8/10
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A propos de l'auteur

LordFay, inscrit depuis le 09/09/2010.
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