Attention : cette critique peut présenter des spoilers (haha).
Passons sur le synopsis, bien expliqué au-dessus et allons à l'essentiel : Lelouch Lamperouge est LE personnage qui tient la série. Les 25 épisodes sont tous centrés autour de son évolution, ses choix et leurs conséquences, avec de brefs apartés pour les autres têtes d'affiches.
Il a été beaucoup critiqué pour une prétendue ressemblance avec Kira / Light (Death Note). Il acquiert du jour au lendemain un pouvoir lui donnant droit de vie et de mort sur qui croise son regard et s'engage dès le début dans une voie que je qualifierais de " gris moral " : ses actions immédiates (meurtre, manipulation, trahison) le classent du côté du mal tandis que son but affiché est noble (combattre l'oppression et rendre au Japon sa liberté).
La ressemblance s'arrête là. Alors que le protagoniste de Death Note vire au sociopathe dès les premiers chapitres, Lelouch aka " Lulu " tente de conjuguer sa vie quotidienne et sa nouvelle identité, et conserve des liens affectifs forts avec ses amis et sa famille. Il ne s'affirme donc pas uniquement en tant que monstre boosté à l'égo.
Aux antipodes de son caractère : Suzaku Kururugi, un personnage aussi ambigu que notre Lulu. Il est perçu durant toute la série comme " l'ami au grand coeur " : fidèle, courageux, refusant de tuer. Un protagoniste de shounen comme on n'en fait plus.
Et pourtant ! Dès le premier épisode, on le voit participer à un massacre de civils à Shinjuku. S'il ne se salit jamais les mains, Suzaku est le partisan du " grand ordre ", persuadé que seule la puissance de l'Empire de Britannia peut apporter la paix. Il se lavera donc les mains des nombreux crimes contre l'humanité perpétrés par l'Empire au fil des épisodes, tout en leur apportant son soutien armé dans les opérations délicates.
Ses justifications régulières, qui semblent convaincre les personnages de son intégrité, n'ont que peu d'écho pour le spectateur : Suzaku reste coupable de sa collaboration à un régime meurtrier.
Des personnages contrastés, intéressants ... et pourtant, un petit goût de pas fini dans la bouche à l'issue de cette première saison.
Où réside alors le principal problème de cet anime ? A mon sens, l'univers complexe de Code Geass, riche, ambigu, piqué de crises et de contradictions, échappe dès les premiers épisodes à ses auteurs et entraîne dans sa chute la crédibilité de l'anime tout entier. Résumons :
On a voulu créer un protagoniste à la personnalité contrastée et complexe, et aux choix oscillant entre les notions de bien et de mal.
- Oui, mais ses choix sont souvent arbitraires et guidés non par la logique mais par les nécessités des scénaristes. Comment peut-il être à la fois engagé dans la lutte contre l'Empire de Britannia et rester indifférent au fait que son ami d'enfance fasse partie de son armée ? Pourquoi ses choix entre sauvetage et destruction ne changent-ils rien (du moins pas avant la toute fin) à son identité et sa façon de penser ? Pourquoi, alors que son but devient à chaque épisode un peu plus grandiose, nous serine-t-on à chaque fois qu'il agit en fait sous le coup d'une vengeance personnelle ? C'est sans doute le cas au début, mais affirmer que c'est là son seul but, c'est le réduire à un personnage impulsif et dévoré par ses émotions.
- Le plus grave dans tout ça, c'est que le suspens de la série repose sur le choix moral de Lechouch ... Choix qu'il ne fera finalement pas ! Il se fait la malle pendant la dernière bataille, et ne provoque ni la libération, ni la destruction finale. Et flop.
On a voulu attirer tous les publics, alors en plus de l'intrigue et des personnages déjà complexes on a : de la tranche de vie lycéenne, du fan-service, des ébauches de romances dans tous les sens ...
- Ces différents aspects écartèlent l'anime en superposant tour à tour des séquences brisant la psychologie des personnages : un tel, censé avoir vécu une expérience terrible, va à l'école tranquille ; une autre perd tous ses souvenirs de l'homme qu'elle a aimé et personne ne s'en rend compte malgré une explication qui bat de l'aile. Au lieu d'approfondir les personnages, la richesse des aspects de Code Geass nous fait de joyeux croche-pattes au moment où on pense - enfin - les avoir compris.
Pour conclure, je dirais que j'ai aimé Code Geass. Si, si. Mais je me montre toujours exigeant en termes de crédibilité quand on me présente un anime basé sur l'intelligence de son personnage, et là : Lelouch, tu es très fort aux échecs, mais ton monde c'est un mouton à 5 pattes.
Pour le reste, je pense que les nombreuses critiques encensant Code Geass vous permettront de comprendre ce que j'y ai apprécié. Pas la peine de faire de redites.
Pour un anime qui m'a tenu jusqu'au bout malgré ses faiblesses, ma note :