Un scénario de maître abandonné au mains de la paresse

Presque 5 ans après ma première vision de Code Geass S1, j'ai revisionné cet anime en le montrant à un ami. L'occasion d'affiner mon évaluation à la deuxième lecture.
Alors Code Geass c'est quoi?
D'abord, Code Geass se veut le renouveau être du méchas en tant qu'accessoire et non en tant que genre, derrière un background dystopique et des combats très stratégiques et psychologiques, là où de nombreuses productions se contentaient de concentrer le noyau de leurs œuvres sur le méchas dans les années 2000.
Enfin, Code Geass est un phénomène incroyable de mode qui a complètement dévoré la concurrence en terme de popularité, effaçant presque le pourtant encensé "Death Note" opérant sur le même registre (sans le méchas) et devenant un des animes les plus populaires des années 2000.

Produit par le très coté studio "Sunrise" (Gundam, Cowboy Bebop, Nicky Larson) et réalisé par l'ex assistant scénariste Taniguchi Gorô, Code Geass ne manque pas d'ambition étant donné le poids du projet. Et ça démarre très bien.

En effet, si nous devions démarrer par ce qui fait la grande force de Code Geass, deux choses sont à démarquer.
D'abord, nous pouvons encenser la qualité et l'intelligence de son scénario qui est proche de la perfection. Je n'ai dénoté aucune incohérences et les enjeux sont clairs.
Code Geass dépeint l'impérialisme Américain et le mépris eugénique des dictatures du siècle passé avec une grande véracité. On est instantanément plongé dans l'ambiance et il est difficile d'en sortir. L'univers est maîtrisé à la règle et le contexte politique est complexe, nous bluffant ainsi par les nombreux twists découlant des stratagèmes diplomatiques et militaires des différents membres de la famille royale, avec différentes manières de remporter une bataille (la force, la ruse, la politique, la décrédibilisation et le populisme). De plus, la guerre des clans, le terrorisme devenant résistance puis état et l'empire déstabilisé sont d'autant de choses qui appuient la puissance de ce scénario.
Enfin, les stratégies mises en places sont vraiment crédibles et l'anime se permet de doser avec subtilité l'apport du surnaturel dans son histoire, de sorte à ce qu'il ne vienne pas gâcher le réalisme du propos.
Une autre grande force de cet anime est le personnage de Lelouch lui-même. Cet anti-héros surpasse de loin son modèle Kira (Death Note) dû au fait qu'il est beaucoup plus complexe et moins manichéen. Doté d'un sens stratégique hors du commun, très habile dans l'art de la manipulation et de l'utilisation des idéologies, il est initialement animé par un désir de vengeance ponctué d'un souhait de protection envers sa petite sœur. Mais ce qui réussit à ce personnage est sa capacité à douter et ce remettre en question (que Kira n'a pas). Ayant de l’empathie pour certains de ses antagonistes, il lui arrive d'essuyer des échecs, lui forçant à revoir son jugement et sa stratégie. Sa psychologie est tellement riche que le spectateur demeure perdu tout au long de l'anime, concernant la personnalité profonde de Lelouch et ses réelles motivation. De plus, le personnage de Suzaku, antagoniste de Lelouch beaucoup plus simpliste que ce dernier, le met d'avantage en valeur et devient finalement, malgré sa niaiserie à la limite du supportable, un très bon personnage.

Mais s'il faut se pencher sur les autres personnages de l'anime, nous dénoterons un traitement inégal à leur égard, provoquant très vite une certaine frustration. En effet, l'énigmatique CC a trop peu de temps réel de parole et demeure finalement trop vide pour qu'on s'y attache réellement. Autant certains personnages comme Kallen, Orange et Euphémia ont bénéficié d'un très grand soin dans leurs développement, autant l'ensemble des écoliers de cet anime est complètement passé à la trappe. Shirley est tellement vide et insignifiante qu'elle en devient mièvre et insupportable. Elle est l'archétype de la représentation machiste de la femme. De même, la présidente et Rivalz sont indéfinissables tellement ils sont pauvres, Nina, pourtant très intéressante, est finalement beaucoup trop caricaturale et la palme d'or se doit d'être décernée à Nunally, la soeur de Lelouch, qui, étant pourtant un personnage essentiel au scénario, a été tellement bâclé qu'on pourrait la remplacer par Dora l'exploratrice sans que ça n’entache l'histoire de quelque manière que ce soit.

D'ailleurs, outre les personnages, c'est le traitement général de l'histoire qui est inégal concernant les phases dans l'école et les phases militaires. L'organisation interne de l'Empire est vraiment approfondie, la hiérarchie est détaillée, les personnages de Lloyd et de Cécile sont travaillés et même les moments calmes et insignifiants se déroulant dans la base de l'Empire sont un plaisir à regarder En comparaison, les phases se déroulant à l'école sont d'un ennui mortel, inutile au scénario et prouvent que les auteurs n'ont aucune idée de ce qui se passe dans les écoles Anglaises et Américaines, car j'ai plutôt l'impression que nos Britaniens se comportent comme des Japonais (ne me dites pas qu'ils ont adopté le système scolaire et les mœurs japonais, étant donné le mépris qu'ils ont à leur égard).

De plus, concernant la forme, j'ai été particulièrement déçu du travail de Sunrise qui m'a habitué à beaucoup mieux. Animation bâclée, musiques oubliable, déferlante de flemme et d'économie de budget... Venant d'un studio aussi solide que Sunrise, c'est inadmissible. Evangelion souffrait des mêmes défauts en raison de coupes budgétaires durant les derniers épisodes. Il ne me semble pas que Code Geass aie été privé de moyens lors de sa réalisation. La maîtrise du rythme est plus due à l'histoire et l'écriture des arcs qu'à la qualité passable de l'animation.

En conclusion, j'ai passé un plutôt bon moment devant cet anime, j'ai énormément apprécié Lelouch et le scénario en général, mais les trop nombreux défauts de l'anime (en particulier concernant les personnages et l'animation) sont plus dû à un manque de travail qu'à des maladresses, ce qui ne me permet pas d'être clément avec lui. Je confirme que Code Geass est un incontournable grâce à son histoire, mais je refuse toujours de dire qu'il s'agit là d'un chef d'oeuvre car on ne demande pas à un chef d'oeuvre d'être parfait en tout point, mais de tout mettre en oeuvre pour le devenir.

Code Geass: 14/20