Katanagatari n'a pas fait beaucoup de bruit sur A-K, mais il était pas mal attendu par ailleurs. Pour ma part, il m'avait attiré l'attention parce que malgré son scénario qui rentre sur un timbre poste, il criait l'originalité à pleine voix. En plus, il y avait 'gatari' dedans...mon cerveau à affiché une petite ampoule et j'ai vite fait le lien avec Bakemonogatari. Cependant, attention : Katanagatari n'a aucun lien avec Bakemonogatari, si c'est n'est que ce sont tous deux des adaptations de Light Novels écrits par Nisio Isin. Rentré dans la wishlist, il y est resté, resté, resté...et finalement plus ou moins oublié. On me l'a rappelé plus tard, et je l'ai commencé, pour rapidement arrêter le visionnage, d'une part par manque de temps et d'autre part par manque de temps. J'ai repris et terminé la série aujourd'hui même, m'enfilant pas moins de 10 épisodes d'affilée.
Vous me direz : 10 épisodes !? C'est rien ! Je fais ça tous les soirs, moi ! (c'est ça, soyez en fiers...) Et c'est là qu'on arrive à la première originalité de cet anime, et ce qui a éveillé l'intérêt de beaucoup de petits passionnés comme moi et peut-être vous. Katanagatari propose en effet un format de diffusion plutôt rare et si j'ose dire, original. On a en effet le droit non pas à 20 minutes par semaine, mais 50 minutes par mois. "Mais ça sert à rien, les épisodes sont trop éloignés les uns des autres, aussitôt un épisode fini, on oublie que la série existe !", certains diront. Je serais tout à fait incapable de vous répondre, pour tout vous dire, puisque je me les suis tous enfilés les uns après les autres. Je n'ai donc pu goûter qu'aux aspects favorables du format. Je ne suis pas fan des épisodes d'anime qui présentent une histoire à part entière (genre une histoire par épisode, vous voyez ce que je veux dire). C'est agréable quand on a pas de temps, mais on ne rentre jamais réellement dans la série, et puis la qualité devient trop inégale, aussi. Or, Katanagatari a bel et bien une histoire par épisode, plus ou moins. Si vous avez bien lu le synopsis de Zankaze, et que vous êtes pas trop idiot, vous aurez vu qu'on a 12 épées pour 12 épisodes soit...1 épée par épisode ! (A ceux qui n'y avaient pas pensé, je ne m'excuse pas de les avoir traités d'idiots.). C'est là qu'une autre crainte nous vient à l'esprit : une épée par épisode...ils se sont vraiment pas cassé la tête, hein ! Je sais déjà comment elle va finir, moi, l'histoire, d'abord ! J'ai même pas besoin de le regarder, cet anime, en fait !. En plus, on pourrait résumer l'histoire en : "deux idiots qui vont chercher des épées". Ou encore plus court : "Chasse à l'épée". Ce qui ne ferait plus qu'un mot pour ceux qui ont des bases en japonais : Katanakari (étrangement proche de Katanagatari, d'ailleurs...j'espère que je ne me trompe pas). Détrompez-vous, jeunes gens ! Katanagatari arrive à nous faire rentrer dans l'histoire, parce que les épisodes durent 50 minutes...au fond, ils ressembleraient donc plus comme des arcs de 3 épisodes de 20 minutes de long qu'autre chose. En plus, on n'a pas réellement une histoire par épisode, étant donné que chacun fait considérablement avancer le scénario global.
On se doit donc de parler un peu de ce scénario, qui pourrait en rebuter certains. C'est sûr que ça fait réellement 'shônen-type', etc etc. Je vous rappelerai d'abord que l'on ne peut pas parler de 'shônen' pour des animes tirés de Light Novel. De toute façon, ça ne s'applique pas, parce que Katanagatari ne ressemble pas à ce qu'on pourrait considérer comme le 'shônen-type'. En fait, derrière son apparente linéarité, il cache un scénario plutôt bien développé, mais surtout très bien mené. Les développements ne sont pas invraisemblables, on n'a pas 50 rebondissement par épisodes, mais pas aucun non plus. En fait, ce n'est pas dans l'enchaînement des évènements qu'on est surpris, mais plutôt dans le déroulement lui-même. On n'est parfois pas surpris par le résultat, mais on ne pouvait pas deviner comment ça allait se passer. Enfin, ce n'est qu'un ressenti personnel. Chaque combat, chaque dialogue, chaque personnage est présenté de manière originale. Vous comprenez bien que sans cet aspect là, la base linéaire du scénario aurait rendu l'anime plutôt inintéressant.
Un aspect majeur de Katanagatari que j'ai trouvé vraiment, vraiment prenant est son réalisme. Réalisme, j'ai entendu ? Dans un Japon médiéval fictif, des gens surhumains et des épées magiques ? Vous vous foutez de moi ?! Pas du tout. "People die when they are killed" - la règle sacrée énoncée par un mauvais traducteur de fansub, qui n'est jamais respectée dans les animes est plutôt bien respectée ici. Enfin, ce n'est pas pour ça que l'anime est particulièrement réaliste, mais parce qu'il est tout sauf manichéen. On n'a donc pas de longs discours moralisants (la morale, c'est la notion du bien et du mal, je rappelle), pas de messages à soutirer, pas de longue apologie de l'amour et de l'amitié (et donc pas de pseudo-nekketsu à la Bleach, je souligne). La vision donnée du bien et du mal vient avant tout des personnages (imaginez le Seigneur des Anneaux avec des Orcs qui connaissent la pitié), donc j'en profiterai pour parler des personnages. Dans Katanagatari, les gens se battent pour leurs objectifs, ou alors pour les trouver, ou alors ou rien du tout. Ils possèdent tous une personnalité spéciale, et chacun a un charisme particulier, ce qui fait qu'on s'y attache. Leurs objectifs, leurs convictions sont parfois plus louables que celles des deux personnages principaux. En fait, les deux personnages principaux ne sont pas toujours des protagonistes à mes yeux, et n'agissent pas pour la justice et le bien. Ils ne représentent qu'un facteur de plus dans l'image plus grande qui est proposée. Oui, ce ne sont pas deux factions qui s'opposent, mais trois voir même quatre, sans compter ceux qui se battent individuellement. Ce qui est intéressant, c'est qu'on nous présente exhaustivement chacun des personnages (à part un ou deux), ce qui fait qu'on apprécie tous les développements de l'anime, même s'ils ne concernent pas tous les deux 'héros'. Vous l'aurez compris : chacun des personnages est un minimum fouillé, et ils sont en effet la force motrice de l'anime.
Il fallait absolument qu'ils soient creusés, à cause de l'importance donnée aux dialogues dans la série. Vous l'aurez sûrement constatés avec Bakemonogatari, les œuvres de Nisio Isin comportent beaucoup, beaucoup, beaucoup de dialogue. On a même 75% de dialogue en tout. Le grand avantage est qu'avec 75% de dialogue, on a 75% de présentation et développement des personnages, et autant de profondeur pour ces derniers, ce qui permet réellement de rentrer dans l'histoire. De plus, les dialogues sont très bien menés, et même si ça ne flashe pas de partout, on ne s'ennuie pas le moins du monde. Ceci est surtout dû au fait que le duo formé par les deux personnages principaux est très intéressant. Ils sont plutôt complémentaires, je dirais. Quand on voit Togame le (pseudo-)cerveau du groupe et Shichika le naïf par excellence, on peut se demander jusqu'où ils iront. Leur relation est parfois inexistante, parfois passionnelle...c'est assez intéressant/particulier pour tout dire. Togame est un personnage jamais vu dans la japanimation, je pense. Difficile à cerner avant les derniers épisode, malgré le temps que l'on passe avec elle ; incroyablement excentrique, parfois gamine, parfois plutôt intelligente. Ah, et puis elle a des cheveux blancs - ça devrait suffire pour vous dévider à regarder l'anime, normalement. Elle a un autre aspect pas mal, mais vous les découvrirez assez vite... Shichika a passé une vingtaine d'années sur une île déserte, donc c'est le nigaud par excellence (il est plutôt lent par nature, en plus). Il est donc plutôt vide, et ça laisse de la place pour un character development énorme, qui est d'ailleurs remarquablement exploité par les réalisateurs. Attention, Katanagatari n'est pas un voyage initiatique : ce n'est pas Candide revisité ou quoi que ce soit, hein ! En somme, le duo laisse beaucoup de possibilités à un humour qui est loin d'être lourd, et pas vraiment répétitif. Il est cependant assez particulier par moments, et c'est ce qui donne une ambiance spéciale à l'anime. Enfin, ce n'est pas une série axée sur l'atmosphère, je précise. Pas que celle-ci soit désagréable, mais qu'à part le fait qu'elle soit plutôt originale, je ne l'ai pas trouvée mise au premier plan (pas comme dans Aria ou Shingetsutan Tsukihime, par exemple).
Enfin, le fait qu'on ait tant de dialogue nous permet d'avoir des personnages géniaux, un humour très agréable...mais qu'en est-il de l'action ? Question évidente qu'il est nécessaire de se poser. En fait, même si toute la série est centrée sur des épées et tout ce qui tourne autour, on a très peu de combats. Tout l'épisode est centré sur le combat, qui permettra aux 'protagonistes' d'obtenir l'épée...mais le combat ne dure pas plus de quelques minutes par épisode. On l'attend, on l'attend, et il arrive pas...l'épisode 2 nous fait un magnifique faux espoir de ce côté-là, d'ailleurs. Alors si le reste n'était pas intéressant, on pourrait trouver ça frustrant, mais pour tout vous dire, Katanagatari n'est pas un anime de combat, donc ça ne se ressent pas vraiment. En plus, le combat tant attendu ne déçoit (presque) jamais. Comme chaque épisode est spécial, chaque personnage est spécial, chaque épée est spécial, chaque combat est évidemment spécial. On ne tombe donc pas ni dans l'ennui ni dans la répétition. En plus, chaque combat est très bien animé et mis en scène, à part un ou deux qui sont un peu simplistes. Du coup, je n'ai pas été déçu. L'abondance de dialogue soulève un autre problème potentiel : le rythme ! "On avance relativement doucement, avec une histoire, un ennemi toutes les 50 minutes...et en plus ça ne fait que parlotter ! Ça doit vraiment être lent, non ?" "Pas du tout, vu que c'est intéressant " serait ma réponse. Je ne vous cacherai pas que je me suis posé des questions au début : les épisodes 2 et 3 ne sont pas particulièrement passionnants, quand on compare avec ceux d'après. La chose est que les scénaristes se rattrapent dans les 4e et 5e épisodes qui sont absolument géniaux et placent l'anime dans une catégorie tout à fait à part. Ne craignez donc rien ! Après, si vous n'êtes pas satisfait par ces épisodes, je pense que vous pouvez arrêter le visionnage. Au passage, je vous signale que la fin n'est absolument pas décevante, ce qui est pour moins un gros plus pour l'anime. Le nombre de séries qui ne se finit pas, qui se finit en un bordel innommable ou pour lesquelles on reste sur sa faim (...) est effarant...mais ne concerne pas Katanagatari !
Je vous parle d'originalité, mais je n'ai pas encore mentionné ce qui fait la particularité de Katanagatari. C'est surtout dans sa réalisation visuelle que l'œuvre se démarque. Tout en étant très innovateur, c'est d'une beauté indéniable. Je passe vite sur l'animation, qui est très agréable, tout à fait digne d'un anime de cette année, sans pour autant être du niveau d'un Panty & Stocking ou d'un TTGL. Les décors sont absolument magnifiques. Le style graphique est un peu particulier, et assez difficile à décrire - ce sont en effet les textures utilisées qui sont spéciales. En tout cas, ils sont toujours nourris de détails et de véritables délices pour l'œil, tout en gardant des couleurs plutôt douces. Le chara-design est le deuxième aspect qui choque. En effet, il est pour le moins original. C'est un style jamais vu auparavant. On penserait au premier abord que les personnages manquent de détails, qu'ils ont pas de nez...mais ce n'est pas le cas. En effet, des détails changent quand l'orientation des visages changent, ce qui montre qu'il y a pas mal de travail derrière. Les yeux et les coupes de cheveux plutôt bizarres sont surprenants mais pas mal du tout ! Après, ça reste très, très particulier donc ça ne plaira pas à tout le monde. La musique est d'une variété surprenante : on passe du classique au hip-hop à des thèmes plutôt bizarres, à de la musique traditionnelle japonaise. Enfin, l'OST colle très bien à l'anime et contribue vraiment à la particularité de celui-ci.
Vous l'aurez compris, Katanagatari n'est pas un anime commun. C'est une des preuves que le moe et le mainstream n'ont pas encore conquis la japanimation. C'est une vraie bouffée d'air quand on considère ce qui est sorti cette saison, comme Oreimo...(qui n'est pas foncièrement mauvais, d'ailleurs...). Du coup, par nature il ne plaira pas à tout le monde, et c'est essentiellement à vous de décider. Personnellement, c'est un de mes coups de cœur et je ne suis pas près de l'oublier, alors je vous propose au moins de vous pencher dessus et de faire connaissance avec un anime que j'ai vraiment envie d'appeler une œuvre d'art.
Je conclus donc par une réplique qui résume bien l'esprit de la série :
Cheerio~!