Humour et originalité sont les premiers mots qui me viennent à l'esprit pour qualifier cette série. Durant douze épisodes de 50 minutes chacun, on se laisse transporter dans la quête que se sont fixés Togame et Shichika : récupérer les douze katanas de Shikizaki Kiki. Logiquement, il s'agit d'un épisode par katana. J'ai apprécié ce découpage particulier de la série, ça ne ralentit en rien le rythme. En effet, on ne s'intéresse pas uniquement à la récupération des katanas, tout autour de cette quête se tissent des liens entre, principalement, notre duo de personnages principaux Togame et Shichika, mais aussi avec les autres sabreurs qu'ils rencontrent. Chacun a une histoire et ils nous la font partager. Que l'on s'y attache ou non, dans le fond ces détenteurs de sabres ne sont pas si mauvais et protègent tous une cause qui leur est propre.
Pour revenir sur Togame et Shichika, au premier abord ils apparaissent plutôt incompatibles. D'un côté, on a lui qui a toujours vécu avec sa soeur, tous les deux exilés sur une île suite à la rébellion stoppée par leur père. Durant vingt ans, ils ont été coupés du monde. Shichika est de nature assez calme et candide, la réflexion n'étant absolument pas son point fort. De l’autre côté, Togame, générale au service du Shogunat. Elle se déclare elle-même stratège, passant son temps à élaborer des plans pour n'importe quelle situation. Elle est assez turbulente, énergique, colérique parfois mais surtout faible. D'ailleurs, sa rencontre avec Shichika nous montrera d'entrée de jeu sa maladresse : elle n'est absolument pas faite pour le combat. Pour résumer ce duo, il est l'arme, la force et le corps tandis qu'elle est le cerveau. Cette opposition de caractères nous offrira de bons moments et on est obligé de se prendre d'affection pour eux. Au fil des épisodes, Shichika gagne en humanité, en intelligence. Il ne se considère plus uniquement comme un objet, un katana. Son combat contre Bitou Kanzashi est celui qui lui fera prendre conscience de sa condition d'humain. Pour Togame, c'est une personne qui n'accorde plus sa confiance à personne après tant de trahisons, néanmoins sa rencontre avec Shichika va la faire changer. Joie, jalousie, bonheur, tristesse. Autant d'émotions qu'elle réapprendra à éprouver à ses côtés.
Si on met de côté ces deux-là, Katanagatari nous présente une panoplie de personnages tous aussi originaux les uns que les autres. A commencer par la Brigade Maniwa, nommée plus tard « Maniwani » par Shichika et d'autres. Au cours de leur périple à travers le Japon, ils feront la connaissance des douze chefs Maniwa, le plus fort étant Maniwa Phoenix. Je n'ai pas particulièrement aimé leur présence, chaque apparition étant synonyme de longs dialogues pas forcément intéressants. Dans d'autres circonstances, j'aurais pu les trouver attachants pour certains mais ils ne sont qu'une entrave à l'avancement du périple ce qui est assez regrettable.
Pour finir, il ne faut pas oublier les détenteurs des katanas parfaits de Shikizaki Kiki, ni la Princesse Hitei et son subordonné Emonzaemon. Ceux-là, contrairement aux Maniwani contribuent à l’avancement de l'histoire. Shichika se doit de les battre tous un à un pour récupérer leur katanas. Les sabreurs sont des hommes et des femmes de paroles, qui défendront jusqu'au bout leur bien. Pour ce qui est de la Princesse, je ne la porte pas franchement dans mon coeur. C'est une manipulatrice qui agit sans cesse dans l'ombre. Elle est la grande rivale de Togame.
Cette série peut ravir un grand nombre de personnes. Son contexte historique évidemment car l'histoire se passe dans l'ancien Japon, à l'époque Sengoku. Période qui s'étend du milieu du XVe siècle à la fin du XVIe siècle. On découvre un Japon vaste, dénudé aussi où la renommée de certaines villes n'est pas encore bâtie. Mais c'est aussi l'ère des sabreurs et de la maitrise du katana. Il n'est rien de plus noble que le maniement du katana. Même si Shichika nous en offre une autre vision, son art n'en reste pas moins très beau. Le nom de ses techniques contraste assez avec la violence des combats. Ca apporte une petite touche de légèreté et de poésie. A tout ceci vient s'ajouter une esthétique pour le moins particulière. Le charadesign est assez simpliste mais associé à une animation vraiment soignée, cela donne un tout très artistique et stylistique. J'ai d'ailleurs un coup de coeur pour le dernier épisode qui sort vraiment du lot et nous en met plein les yeux avec des combats aussi bien dynamiques qu’intenses. A noter que l'épisode 7 se démarque également des autres au niveau des graphismes et de la mise en scène via quelques clins d'oeil aux jeux RPG et un trait qui rappellera les peintures japonaises. Une esthétique léchée jusqu'à la typographie utilisée pour les noms des techniques, des épisodes. Enfin, les musiques. Chaque épisode dispose d'un ending différent, je porterai ma préférence sur le dernier qui conclut en beauté cette série. L’OST apporte une touche épique à l'oeuvre ainsi que, par moments, beaucoup de douceur.
Bref, vous l'aurez compris cette série est à voir. Des personnages originaux, charismatiques et attachants. Une histoire intéressante et touchante. Des combats remarquables et dynamiques. Une esthétique simpliste mais unique en son genre. De superbes musiques. What else ?