Critique de l'anime Mushishi

Mushishi est un bon dessin animé, largement surestimé à mon goût.

Les bons points signalés dans les critiques précédentes me paraissent très justes, aussi je vais simplement me contenter d'écrire ce que j'ai trouvé gênant, emboîtant le pas à Angelmj, qui insiste sur l'étrangeté -parfois déroutante- de certains aspects.

Le problème de la narration relève selon moi d'une certaine maladresse, car très souvent les prolepses, les flashbacks, sont présentés sur le même plan que ce qui est donné comme le présent dans le dessin animé. C'est d'autant plus gênant que Mushishi opère souvent des va-et-vient entre présent et passé, si bien que parfois on ne sait plus trop où on en est. C'est la très grande originalité de la série : il y a de très longues périodes temporelles qui s'écoulent avant qu'un épisode ne trouve son aboutissement : Ginko passe dans un endroit, et il s'en va plusieurs mois avant de revenir.

Ainsi, nombreux sont les épisodes qui présentent d'entrée des personnages en plein désarroi, alarmés par des mushis qu'ils ne peuvent pas percevoir. Arrive Ginko, qu'ils attendaient parce qu'ils l'avaient déjà rencontré auaravant : le spectateur ne le savat pas, rien ne le disait, ce qui est gênant. C'est encore plus gênant lorsque le flashback se met en place tout de suite après, sans être signalé : on passe souvent 5 mn à regarder l'épisode sans trop comprendre ce qui se passe, et ce n'est qu'avec l'expérience qu'on est capable d'anticiper le procédé (bon j'exagère, mais quand même).

L'autre point gênant, c'est aussi les histoires. Je ne trouve pas que l'absence de scénario global soit gênante, mais construire une histoire par épisode expose la série à devenir inégale, à avoir des épisodes ratés et d'autres réussis. De ce point de vue, il faut dire que les 20 premiers épisodes sont passionnants, c'est un tour de force, aucune histoire ne pêche, si ce n'est au niveau de la narration, comme je l'ai écrit avant.

J'en viens en fait à cette pseudo saison 2, à savoir les 6 derniers épisodes. J'ai été vraiment déçu, j'attendais des histoires encore meilleures, mais en fait c'est l'inverse qui se produit : on perd le charme du mystère de la nature, et l'on est confronté à des mushis qui cette fois-ci n'ont plus rien à voir avec une ambiance "Mononokaise", mais qui réclameraient franchement l'intervention de l'agent Mulder : par exemple l'épisode où une famille se retrouve à élever une dizaine de clônes de leur enfant, ou encore celui où la mère de la fille devient en fait la fille de la mère qui reste malgré tout la fille de sa fille (bref, regardez l'épisode, vous comprendrez)... Ginko perd beaucoup de son charisme dans ces épisodes extrêmes, et les personnages humains deviennent trop fades devant ces alien-predator-terminator classés X...

Grosse déception donc de ce côté-là, ces mushis extraterrestres seraient mieux passés si leurs histoires avaient été diluées dans le reste des 20 premiers épisodes.

Malgré tout, la beauté demeure le souvenir dominant, avec ces paysages splendides, ce calme 100% naturel, et Ginko, dont la personnalité est extrêmement attachante.

Mushishi, une expérience pas totalement inédite (Miyazaki est déjà passé par là, avec une puissance poétique supérieure, et un art de la contemplation "active"), mais qui permet d'offrir une alternative intéressante aux amateurs de séries champêtres à la louange de la nature, pas si répandues que ça (d'autant plus que Mushishi est très nuancé à propos de la nature : ce n'est pas un manifeste écolo façon Nausicaä. Je sens que Starrynight va pleurer là, j'arrête)...

Bref, ma conclusion en rappellera une autre, et je vous souhaite aussi un très bon voyage au pays des mushis.

(8 pour les 20 premiers épisodes, 6 pour les derniers. OK niveau maths je suis nul, mais ma note finale est correcte !)