Il est souvent bon de se reposer, d'amener un peu de paix dans notre esprit et de vider notre mémoire des animés cyniques (mais non moins bons)... Mushishi fait partie de ces animés peu connus qui apportent un véritable réconfort après avoir regardé ne serait-ce qu'un épisode.
S'il ne tenait qu'à moi de classer cet animé, je le mettrais automatiquement dans la catégorie des animés cultes. Evidemment, tout chef-d'oeuvre connait son imperfection mais ce n'est pas gênant pour qui sait s'ouvrir à de telles histoires...
Pour commencer, la structure de l'animé est remarquable en soi. Aucun arc ne se dégage fondamentalement, il ne s'agit que de l'enchaînement de contes, d'histoires ou d'anecdotes, qui invitent chacun à leur tour à l'évasion la plus totale. Premièrement, cela a pour effet de renforcer le rythme d'un animé qui aurait pu être terriblement lent s'il n'avait été abordé depuis cet angle. Deuxièmement, cela donne l'impression d'une discontinuité dans la continuité de l'histoire. Ceci est assez rare pour être remarqué. Le scénario en soi est une ode à la magie, à la poésie, et un pamphlet tranquille contre le manichéisme. Si divers sujets graves peuvent être abordés (les thèmes redondants de la mort ou du handicap sont réguliers), il n'y a que du calme qui transparaît. De plus, l'extrême qualité narrative alternant flashback, voix-off et autre, rend le tout on-ne-peut-plus complet.
La musique n'est pas extraordinaire, il y a bien un ou deux thèmes qui restent en tête mais rien de transcendant. Ce qui ne veut pas dire que ce n'est pas agréable à entendre, c'est juste que l'OST apparaît en renfort de l'histoire. En fait, c'est probablement du à l'absence fondamentale de moments intenses qui servent des composition orchestrales grandiloquentes. Ainsi, à l'image de l'animé, la musique est calme et posée. Il y a une parfaite adéquation entre ces deux éléments.
Ce qui contribue pleinement à la magie de cette série est probablement les graphismes. Nous ne sommes pas dans une 3D excessivement retravaillée, nous assistons pour une part à de nombreux plans fixes très bien faits, et pour une autre part à une imagination débordante quand il s'agit de "designer" les mushis. Ainsi on aurait presque tendance à retrouver les sylvains que l'on croise déjà dans Princesse Mononoke...
Le chara-design est un peu bancale à ce niveau. Si Ginko se démarque clairement de par ses vêtements (occidentaux : chemise, chaussures, pantalon) et ses cheveux blancs dans un Japon féodal fait de kimonos et de sandales, les autres personnages se suivent et ressemblent. Il s'agit du plus gros point noir de l'animé. Mais au final ce n'est pas gênant, le peu de personnages récurrents (j'en compte un seul en fait) sont facilement distinguables, pour les autres il est simple de comprendre qu'ils sont différents car les histoires sont différentes. Cette intuition venant de manière plutôt naturelle, ce n'est pas gênant. Dans le caractère de Ginko, on voit encore une fois une symbiose avec l'ambiance générale de l'animé. Il est calme, intelligent et fortement charismatique.
Pour conclure, Mushishi se révèle être un animé si puissant dans le calme qu'il en inspire le respect. C'est une série qui réfléchit mais qui évite de se perdre en sermons et autres clichés du genre. La seule morale apparente vise l'harmonie entre l'homme et ce qui l'entoure. Eviter la destruction inutile et véhémente est un bon message qui se suffit à lui même, nul besoin d'en faire des tonnes... Mushishi évite cet écueil. Si parfois les explications peuvent être compliqués et difficiles à suivre, l'animé dans sa globalité s'appréhende très facilement à mon sens. Le choix de ne faire apparaître aucun arc est original ainsi que très bien pensé puisqu'il sert la dynamique de l'animé. Pour finir la conclusion, l'ambiance : amalgame de musique, de graphisme, de chara-design, de scénario, est si reposante, si agréable, que l'on voudrait que cela ne s'arrête jamais. Mais Mushishi ne connait ni commencement, ni fin, c'est une continuité qui s'inscrit dans votre esprit et à qui il vous appartient de donner vie!