Attention : anime résolument atypique ! Tout rapprochement avec un autre anime ne peut être que pure coïncidence.
Tout d’abord, Suzumiya Haruhi no Yûutsu (SHY) frappe par son format : les épisodes sont dans le désordre le plus complet. De plus, le premier épisode, non content de ne pas être le premier de la série, est aussi en décalage avec la suite et en déroutera plus d’un. Mais attention : ne surtout pas chercher à regarder les épisodes dans leur ordre chronologique. En effet, contre toute attente, cette série conserve un ordre « logique » même si on ne cesse d’avancer et de reculer dans le temps (avec une voyageuse temporelle dans les effectifs, c’est peut-être normal), si bien qu’on suit le récit sans réel problème.
Ensuite, son mode de narration sort des sentiers battus : tout l’anime (et en particulier le premier épisode) est montré du point de vue de Kyon. Celui-ci commente les scènes et ses impressions d’un ton parfois étonné, souvent désabusé, un tantinet fataliste. Cette technique empêche le spectateur de réellement entrer dans la série et de s’impliquer dans les « aventures » de Haruhi et ses compagnons, en l’obligeant à prendre du recul et à tout considérer au second degré. Ainsi, SHY n’est pas une série de science-fiction ou fantastique, pas plus qu’une comédie sentimentale, une série loufoque et hilarante ou que sais-je encore.
J’en arrive au point le plus important : l’histoire ou plutôt les histoires de chaque membre de la Brigade SOS et leurs relations entre eux, car il n’y a pas vraiment de récit à proprement parler. Haruhi, personnage éponyme de l’anime, jeune fille égocentrique, au caractère bien trempé et ne reculant devant rien pour parvenir à ses fins, cache sous cette façade un profond ennui. Cette mélancolie, autour de laquelle tourne SHY, vient d’une prise de conscience de Haruhi de n’être qu’une poussière dans l’univers. Je mène une vie ordinaire comme des millions de gens dans le monde, j’étudie dans une école comme il y en a des milliers, ne puis-je prétendre à me démarquer des autres et à avoir pleinement conscience de mon existence en tant qu’individu ? D’où cette volonté de se créer un monde dont elle serait le centre et qui n’existerait que parce qu’elle le souhaite, avec les gens qu’elle veut voir auprès d’elle. D'où également ce SOS qu'elle lance pour briser la monotonie et la banalité.
Elle y embarque, bon gré, mal gré, quelques individus très divers. Yuki (bien qu’elle paraisse n’avoir aucun intérêt autre que la lecture tout en se fichant royalement de ce qui se passe autour d’elle), Mikuru (alors qu’elle sert de souffre-douleur à Haruhi et d’appât pour attirer de nouveaux membres dans le club) et Itsuki (malgré sa désinvolture et son insouciance) n’arrivent plus à se passer du club et tant Haruhi que Kyon finissent par leur manquer quand ils sont absents. Enfin, Kyon, presque anormal tant il est commun. D’abord réfractaire aux activités du club et à la foule d’idées tortueuses qui traversent en permanence le cerveau de Haruhi, il s’y attache peu à peu, en se rendant compte que lui aussi quelque part souffre d’être ordinaire et que sa passivité n’est que le reflet de sa propre mélancolie. On assiste ainsi à des scènes paisibles – presque vides – ou chacun vaque à ses occupations ou jouent ensemble dans le local du club, mais où chacun se sent bien et goûte ces heures passées ensemble. A son tour, Haruhi apprend à apprécier la compagnie des membres du club et même, plus généralement, de ses camarades de classe. Un exemple frappant de l’évolution de son état d’esprit est le plaisir communicatif qu’elle ressent lorsqu’elle chante sa joie de vivre en un concert improvisé. Chanson très agréable d’ailleurs.
On notera quelques références de japanime rencontrées au cours des folles péripéties de la Brigade SOS, tel un « Fumofu » ou une bataille spatiale qui n’aurait rien à envier à la stratégie d’Albator.
Je terminerai par un coup de cœur pour le générique de fin et sa chorégraphie. Celle-ci est originale, bien fichue et je ne m’en lasse pas.
Vous ne verrez plus jamais la mélancolie comme avant.