Quiconque ayant un intérêt pas trop anecdotique pour l'animation japonaise a sans doute dû entendre parler de Gankutsuou, au moins une fois. Une série dont on croise finalement assez rarement le chemin mais dont sa simple évocation laisse sous-entendre un gage de qualité.
Dans ces cas-là généralement deux approches différentes se distinguent: celle des plus méfiants dont les désillusions ont souvent été si grandes que les surprendre relève de l'impossible (bien souvent à raison) ; et celle de ceux se tournant vers une référence donnée dans un état d'esprit de quasi jovialité sous prétexte que la qualité de l’œuvre fasse l'unanimité. Faisant généralement partie de la première catégorie, j'avais néanmoins décidé de me ranger du côté de la seconde pour ce cas précis...
... Et quelle ne fut pas ma surprise! moi qui pensais enfin me rendre témoin d'une série un peu moins niaise que la moyenne. Une sans robots avec des épées de plusieurs mètres ni sous-vêtements à fleurs portés par de jeunes adolescentes ; et qui plus est une dont l'origine du scénario puise sa source dans la littérature française, celle que beaucoup d'autres pays nous envient. Mais la réalité fut tout autre et les désillusions plutôt nombreuses chaque fois qu'un épisode se terminait...
L'histoire se concentre sur la seconde partie du roman d'Alexandre Dumas, celle où le Comte de Monte-Cristo vole la vedette aux autres personnages, où il est question de lui plus que quiconque. La première différence majeure de cette adaptation (très - à la limite du spin-off) libre se situe là, le Comte n'est pas la pièce maitresse de l'histoire. Celui à qui est attribué ce rôle est Albert de Morcerf, qui, dans cette version, est le fils du général des armées sur Terre.
Car, détail important et guère flatteur pour l’œuvre originelle, l'histoire se déroule dans un néo-Paris du XIXe siècle où l'intelligence artificielle l'emporte sur l'esprit. Voyages intergalactiques via des fusées, matérialisation de la pensée sous forme numérique ou combats de robots géants partiellement contrôlés par la pensée, tout y passe ; sauf le téléphone qui par une pirouette scénaristique ne semble pas être une technologie très convoitée dans ce monde sans queue ni tête.
Inutile de préciser que son existence aurait pu raccourcir la série d'une manière non négligeable en évitant bien des problèmes à notre héros, qui du reste remporte la palme du personnage le plus agaçant jamais crée. Qui a dit que la naïveté était forcément synonyme d'agacement ?
Le vicomte Albert de Morcerf (car c'est son titre) ne devient pas agaçant pour cause de naïveté excessive dont on peine à imaginer qu'elle puisse s'abattre réellement sur quelqu'un ; il dépeint surtout à lui seul tous les clichés possibles et imaginables qu'un personnage puisse endosser. Malheureusement, et c'est bien là le fond du problème, le constat, bien que d'une manière bien moins affligeante, est similaire pour la plupart des autres personnages. Chacun est à sa place comme on l'imagine avec nos a priori et ne sort jamais vraiment de ce rôle qui lui a été distribué.
Du côté de la trame elle-même, soit son déroulement, il est très rapidement possible sans même chercher à deviner la suite de comprendre ce qu'il va se passer ; pourquoi et (souvent) comment. Qui dit personnages inintéressants car stéréotypés dit forcément trame prévisible, et, de mon point de vue, particulièrement ennuyeuse ; surtout lorsque l'on ajoute des éléments faussement spectaculaires de peur d'ennuyer le spectateur. Qui sera le prochain, Madame Bovary chez les pirates ? ou peut-être Dorian Gray chasseur de vampire ?
Dans le genre adaptation ou forte influence revendiquée (c'est selon), Toshokan Sensou est une série autrement plus méritoire qui apporte une réelle réflexion et qui a su éviter l'adaptation bête et méchante d'une œuvre populaire. Car autant le dire en exagérant à peine, changez simplement le nom des personnages que pratiquement aucune analogie avec le roman initial ne serait rendue possible.
Après avoir entendu mondes et merveilles sur les musiques, force est de constater qu'aucun morceau n'a réellement retenu mon attention. Non pas qu'elles soient mauvaises, seulement classiques. Elles sont là parce qu'il faut bien qu'il y en ait. Bien que plusieurs compositeurs de musique sacrée soient présents, force est de constater qu'il est seulement question d'entendre de la musique, pas de l'écouter. Au final, qu'il s'agisse de Paul Dukas ou Claude Debussy ne fait aucune différence, et les œuvres présentent dans la série, aussi intéressantes soient-elles, restent très peu perceptibles tant il est rarement possible de les apprécier. Décidément, n'est pas Fantasia qui veut.
S'il est tout à fait possible de partir du postulat que Gankutsuou est une série originale et pas forcément plus inintéressante qu'une autre, ce qui est vrai, m'est avis que ladite originalité est seulement rendue possible dû au simple fait qu'elle soit comparée avec une majorité d’œuvres frisants l’infamie.
Peut-être est-ce un avis un peu dur et radical, mais laissez-moi vous demander, qu'est-ce que Gankutsuou apporte de plus, voire de bien, par rapport au roman initial ? Son existence était-elle réellement nécessaire ? Permettez-moi d'en douter très fortement...