Après Cowboy Bebop, Samurai Champloo. Le temps a passé, et cette série n'est pas vraiment révolutionnaire, en tout cas son impact se ressent bien mois que Cowboy Bebop.
Pourtant, il serait dommage de passer à côté, parce qu'encore une fois, Watanabe se sert d'un média populaire pour expérimenter de nouvelles façons de raconter une histoire. Ici, c'est avant tout le hip hop qui dicte la conduite du récit : les séquences s'organisent comme un morceau de rap, et les références sont souvent tournées vers ce monde-là, entre culture des graphers, art d'avoir un look totalement fashion (des lunettes plaquées or par exemple et des percings).
Une fois encore Watanabe joue la carte de l'originalité, et cette fois c'est l'anachronisme qui domine : les américains débarquent au Japon avec des dizaines d'années d'avance, un idiot invente le hip hop, mais on croise aussi un hollandais qui évoque les problèmes que lui cause son homosexualité dans son pays ; de nombreux artistes tels que Van Gogh apparaissent, le temps d'un canular hilarant. Watanabe joue encore une fois avec la culture générale, et même si la formule a déjà été éprouvée sur Cowboy Bebop, ça marche toujours aussi bien, d'autant plus que l'écho avec nos problèmes de société est un peu plus fort.
L'originalité est belle et bien présente : Watanabe a opté pour un charadesign aux antipodes de celui de Cowboy Bebop, et l'on passe de formes arrondies à des dessins anguleux, mines patibulaires et rictus à angles aigus. Le scénario est plus suivi que celui de Cowboy Bebop, mais le thème reste le même : celui d'une grande errance pour trois personnages que seul le destin a fait se rencontrer, et qui apprendront petit à petit à s'apprécier. Les personnalités sont différentes de celles de Cowboy Bebop, entre un excité du sabre expert en baston mais n'ayant jamais appris à se battre, et un taciturne maître en sa discipline, tandis que c'est autour de l'héroïne que se cristallise l'histoire, celle-ci cherchant un samouraï qui sent le tournesol.
Les épisodes sont globalement tous réussis, et l'expérimentation visuelle a la part belle, tant dans la mise en scène que dans la manière de dessiner (cf par exemple la séquence où Muygen est drogué par les vapeurs émanant des champs en feu).
Ici l'histoire est bien plus resserrée autour d'un triangle, encore une fois, et qui n'est pas amoureux, pour une fois. L'amour n'est pas un thème majeur de Samurai Champloo, et Watanabe préfère tout axer sur l'étrangeté de ce groupe de voyageurs unis par une promesse en toc, celle de servir de garde du corps à une gamine de 16 ans qui n'a pas de seins (et croyez bien que Watanabe exploite bien cette absence mammaire pour faire une critique assez hilarante du fan service : voir le personnage courir avec deux noix de cocos dans son soutien-gorge est tout bonnement excellent).
La musique, quant à elle, est d'un très bon niveau, la critique de Scalix est là pour vous éclairer sur son intérêt. Il faut insister enfin sur l'excellence du générique de début, inspiré de lithographies, où l'animation splendide s'associe à une musique à mon sens très réussie, entre calme et fureur.
Bref, Watanabe parvient ici à faire aussi bien que Cowboy Bebop, sans pour autant frapper aussi fort que sa précédente série, le marché s'étant considérablement amélioré en terme de qualité depuis.
Quoi qu'il en soit, selon moi, il s'agit d'un nouveau chef-d'oeuvre, que tout amateur d'animation japonaise se doit au moins d'essayer une fois dans sa vie.