Critiquer Samuraï Champloo, ou comment parler de l'anime qui m'a le plus plu au cours de ces dix dernières années. Ceci étant dit, j'essaierai tout de même de respecter le minimum d'objectivité que requiert un avis.
Dans un premier temps abordons tout ce qui relève des graphismes. Le chara-design est clairement ce qui pourrait le plus rebuter quelqu'un à se jetter corps et âme sur les 26 épisodes que compte la série. En effet, le style assez unique employé par Wanatabe ne favorise pas le détail en général mais un travail fort est exécuté sur les expressions du visage, parfois exagérées, mais de telle sorte que l'on comprenne ce que ressent tel ou tel personnage à chaque instant. Pour ce qui est des décors, un immense coup de coeur. Chaque plan fixe est l'occasion d'admirer une accumulation de petits détails bienvenus, un travail sur la lumière assez conséquent, bref un hymne à l'aventure, le genre qui vous donne envie d'aller dans un jardin respirer la bonne herbe (on s'est bien compris j'espère). Enfin, l'animation est incroyablement fluide, les mouvements spontanés et à la limite du réalisme (combat entre Mugen et Jin, épisode 1) nous paraissent presque naturels, ici encore du tout bon.
Musicalement parlant, autant le dire, c'est un genre à apprivoiser. Une suite logique de pistes douces, parfois mélancoliques, mais surtout "cool". N'attendez pas de grandes envolées lyriques mais plutôt un bon moment de détente (Nujabes était et restera un grand artiste dans sa catégorie) qui colle parfaitement à l'ambiance générale de la série, décomplexée et sans fioriture. Cependant, contrairement à d'autres, l'opening ne m'a absolument pas marqué, accumulation de sons auxquels mon oreille est peu réceptive oblige.
Scénaristiquement, maintenant, on dit souvent de Samuraï Champloo qu'il n'a pas de véritable histoire. Mais finalement, qu'attendons nous d'un road movie? Un enchaînement de situations, de petits scénarii accompagnant le fil conducteur me semble être la réponse, et c'est ce à quoi vous convie l'anime. Chaque épisode est une histoire en soit, un nouveau personnage présenté que nos 3 amis Mugen, Jin et Fuu découvriront en même temps que nous. Tantôt triste, tontôt touchante, parfois amusante, on reste difficilement de marbre devant chaque scène. J'admets tout de même que le fil conducteur aurait mérité d'être un peu plus poussé, et je me demande même encore comment on peut partir pour un si long voyage en ayant pour seul indice "le samourai qui sent le tournesol"
Quelques points en vrac à aborder:
- Les personnages principaux dont j'ai cité les noms plus haut sont à mes yeux un exemple du genre. En effet pas besoin d'avoir une personnalité torturée, d'être brun et ténébreux ou d'être le comique de service pour que l'on soit intéressant. Mugen et Jin sont totalement opposés et en même temps si complémentaires que je me demande comment la série aurait pu exister si l'un des deux n'avaient pas été là. Quant à Fuu, en plus de permettre à l'histoire de se poursuivre, elle sert avant tout de lien, de pont entre nos deux-on peut le dire-amis samourais. Un trio qui plaît, un trio qui se complète, bref un trio auquel on s'attache.
- Les combats jouissent, comme je l'ai dit au début, d'une fluidité hors pair et ne sont pas un enchaînement de la même scène avec un One-shot en finish, loin de là. A chaque rixe, le défi imposé est différent, l'arme à contrer change et il n'est pas toujours si évident de tuer (ceux qui auront fini la série sauront de qui je parle).
-Le tout est peut être un poil trop long, et malgré mon degré d'immersion, certains épisodes m'ont semblé manquer d'un peu d'originalité tant j'ai eu l'impression d'avoir vu la même situation quelques minutes avant. Un format à 18 épisodes par exemple m'aurait plus satisfait que 26.
Vous l'aurez compris au travers de ces lignes, Samuraï Champloo, c'est un univers, une ambiance particulière à laquelle peu de monde résiste (il suffit de voir le nombre d'avis négatifs), une énorme surprise l'année où je l'ai vu et toujours autant de plaisir aujourd'hui quand je relance un épisode pour une cure de rappel. La note exacte étant 9.5, je mets 9, la perfection n'existant pas.