Critique de l'anime 5 cm par Seconde

» par Scalix le
20 Octobre 2007
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L’animation japonaise parvint à me séduire assez rapidement.

Au fur et à mesure des mes visionnages incessants, de mes critiques et de mes dossiers, j’ai pu identifier quelques éléments, formant en partie l’essence des animes, et qui, lorsqu’ils étaient bien travaillés, permettaient à des séries de se distinguer haut la main de la masse d’animes médiocres que l’on se plaît à ignorer avec ostentation. Ignorer Byousoku 5 Centimeter, ce serait un peu comme cracher sur la Joconde, et applaudir du Fan art.

Premier point suscitant l’envie, le visuel.

Avant le scénario, avant la musique, les Seiyuus et tout le reste, le spectateur prend connaissance du visuel. Au cours des premières secondes du premier épisode, quatre sens laissent la place à un seul et unique : la vue.

Ce sont nos yeux qui, en premier, vont nous permettre d’intellectualiser une première critique, simpliste certes, qui nous mènera à une première conclusion : c’est beau, ou c’est moche.

Makoto Shinkai oblige, la première conclusion fut « oh mon dieu… ».

On pourrait établir des parallèles entre les différentes œuvres produites par maître Shinkai, mais avant cela, on peut clairement établir son premier objectif avant d’en commencer une nouvelle : faire plus beau que la précédente. A chaque film, à chaque court-métrage, on se prend une claque monumentale. Alors que l’on s’imagine qu’il est difficile de faire plus réel, plus pur et plus irréprochable, le nouveau Dieu de l’animation sort une nouvelle référence esthétique, à chaque fois plus proche de la perfection.

On retrouve tout de même le style habituel, présent dans ces précédentes œuvres, à savoir des environnements hyper réalistes, des couleurs majoritairement pastels, un visuel contemplatif, des décors fourmillant de détails tous plus impressionnants les uns que les autres ; et au milieu de tout ça, un character-design extrêmement simple, ne cherchant ni le réel, ni le détail, mais au contraire, la possibilité, à mon humble avis, d’offrir des protagonistes les plus expressifs possibles.

Inutile, pour l’occasion, d’écrire des dizaines de lignes argumentant mon opinion. Quiconque doté de deux globes oculaires, ou même d’un seul, parviendra à me comprendre dès les premières secondes de visionnage. Les autres seront à mes yeux des sans-goûts sans crédibilité. Voila, c’est dit.

Passons donc sans attendre au deuxième élément suscitant l’envie.

Le deuxième point, c’est le scénario, l’histoire d’amour.

Thème cher aux scénaristes nippons, la « love story » étudiante est une sorte de fantasme assez populaire. La jolie lycéenne en jupe, et le lycéen classieux, plus mûr que son âge, protecteur et consciencieux vont-ils réussir à s’unir jusqu’à la fin de leurs admirables vies ? Voila la problématique que nous propose 5 Centimeters Per Second. Original et philosophique, n’est-ce-pas ?

Evidemment, je me moque, et évidemment, ce n’est pas le thème des court-métrages qui fait leur qualité, mais plutôt son traitement original.

Partout, chaque année, on nous propose une pluie, que dis-je, des torrents (n’y voyez là un jeu de mot que si vous êtes un geek) de daubes où le protagoniste, victime d’ultimes poussées de testostérones, est follement attiré par la grosse poitrine alléchante de sa camarade de classe, aussi voisine, aussi amie d’enfance, et aussi presque demi-sœur, qui, elle aussi, poussée par ses hormones, commence à voir celui qui auparavant n’était qu’un ami comme un homme, un vrai. Mon dieu, quelle coïncidence !

Byousoku nous libère de cette mièvrerie grossière et gratuite en nous proposant une histoire d’amour, certes entre deux lycéens, mais exempte de toute gratuité, de tout fan-service et de tout humour déplacé, tout en nous gratifiant d’une poésie narrative rarement égalée dans le milieu de la japanimation.

L’autre originalité, par rapport à la norme vulgaire, est que dans le cas présent, l’histoire d’amour tourne autour de la distance entre les deux protagonistes. En effet, là où les personnages sont toujours dans les mêmes lycées, ou même dans les mêmes classes, ici, ils sont à plusieurs centaines de kilomètres l’un de l’autre. Ainsi, ni salive, ni saignements de nez, ni hurlements façon Tex Avery, juste une mélancolie désolante, mais aussi extrêmement touchante.

Trois histoires courtes, entre lesquelles le temps passe inlassablement, voila aussi un format intéressant.

Au début très jeunes et innocents, on assiste à l’évolution de l’état d’esprit des personnages principaux, à travers Takaki Toono, à la fois acteur et narrateur, dont la vie sera rythmée par l’existence d’Akari Shinohara, son premier vrai amour, pour lequel il était prêt à tout.

Les personnages sont extrêmement touchants. De leur enfance à l’âge adulte, on retrouve des protagonistes inchangés, mais dont la vision de l’amour, de la vie et du rêve sera gravement atténuée par une société égoïste, qui pousse les individus à penser à eux avant de penser aux autres, à toujours aller de l’avant et à oublier le passé.

On le voit rapidement, tout est fait pour être touchant. Mais là encore, si auparavant, vous n’étiez pas dupes et vous ne vous laissiez pas berner par cette volonté de vous attendrir, je vous mets au défi de résister à la poésie de Byousoku 5 Centimeter. Sincère, raffiné, pur et élégant, ce film (à peine plus d’une heure au total) parviendra à susciter en vous une réelle affection à l’égard de Takaki, qui ne parviendra à vivre au jour le jour qu’à l’aide d’un simple souvenir, pour lequel il serait prêt, cette fois-ci, à tout abandonner.

En ce qui concerne les musiques, elles s’accordent parfaitement avec l’atmosphère suscitée à la fois par le visuel et par le scénario. Sans être trop présentes, elles accompagnent merveilleusement bien les divers décors et scènes que vous découvrirez lors du visionnage.

Mention spéciale aux deux Voice-actors des personnages principaux, qui dans les deux cas, ont su insuffler une réelle poésie dans chacun des dialogues prononcés. Leur travail parviendra, à quelques reprises, à réellement bouleverser le spectateur.

Je ne peux en dire plus sans considérablement amputer le plaisir que vous aurez à suivre ce chef-d’œuvre.

Outre les amateurs de shônens, pour qui le sentimentalisme se résume à une éraflure sur la joue de Naruto, je conseil à tout le monde, fans d’animes ou néophytes, de tenter l’expérience Byousoku 5 Centimeters. Doté d’une poésie propre aux mangas, que l’on retrouve, notamment dans les œuvres de Kei Toume, ainsi que d’un visuel littéralement exceptionnel, il vous faut passer par là afin de découvrir, probablement, ce qui se fait de mieux en matière d’animation japonaise. Une valeur sûre, une référence, un chef-d’œuvre. Bravo, Makoto Shinkai.

Verdict :10/10
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A propos de l'auteur

Scalix, inscrit depuis le 05/04/2004.
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