Entre ses jeunes femmes au dévouement légendaire, son héros remarquable de banalité, et ses situations improbables, les bases de la série Eiken, adaptée du manga éponyme par les studios JC. Staff, reposent sur une formule, surexploitée mais étonnamment toujours aussi efficace, jouant avec les désirs d'un public masculin le plus souvent frustré par l'indigence de leurs relations sexuelles avec le genre opposé. Nous retrouvons donc avec déplaisir la structure classique qui caractérise si bien le genre, à savoir un garçon brillant de banalité, devenu grâce aux multiples transactions de la Providence, objet d'attention d'une horde de profil féminins très stéréotypé, allant de la Fille Timide à la Fille Énergique, en passant parfois par la Petite Sœur, l'Idole du Lycée, ou de l'Amie d'Enfance. Cependant, là où certaines séries telles que le récent Amagami SS auraient choisi un cadre réaliste, la retenue, et la suggestion pour parvenir au même effet, Eiken se joue de toute considération éthique et préfère s'adonner à une surenchère de vulgarité qui feraient passer la plus dépravée des existences humaines pour un modèle de chasteté à toute épreuve...
Ainsi, dans un univers où l'infanticide de progénitures ne présentant pas un bonnet B dès la naissance est de rigueur, Mifune Densuke, élève d'une cité scolaire de 54.000 étudiants se retrouve au centre de l'attention d'une poignée de jeunes femmes fédérées sous le nom de Eiken, suite à sa rencontre très tactile avec la timide Shinonome Chiharu. Notre héros aura donc l'honneur de découvrir au travers de notre histoire, les possibilités ludiques offertes par son harem, s'exciter devant les proportions hallucinantes et inhumaines des corps de ses camarades, s'étouffer et s'essuyer avec des petites culottes, et renforcer ses nouveaux liens d'amitié au moyen d'une fête du sport d'une nouveau genre, à base de projection de yaourt nature, de maintien de contact physique douteux, et de bananes au chocolat à saisir... par la bouche. Bien évidemment, les connaisseurs auront deviné que notre Adonis finira son existence avec la jeune fille aux cheveux rouges qui lui résistait au départ, et que leurs liens se retrouveront étrangement renforcés par l'apparition d'un rival, comprenez un bishônen des plus classique.
Si un nombre non négligeable d'éléments, entre l'exacerbation de certains détails, notamment des poitrines et de l'age dérisoire de notre Apollon, la folie des créateurs pour les peaux de bananes, ou les jeux de mots douteux sur le nom des présentatrices inscrits sur leurs culottes (一子,五子...) peuvent laisser penser que Eiken est une série qui cherche à faire rire son spectateur; d'autres détournent aussitôt de l'analyse comique, à commencer par ce grossissement qui ne relève d'aucune critique du genre, et ce profond dégout qui vous saisira sans doute lors de votre visionnage, que cette série n'est qu'un monument de vulgarité de plus... Comment en effet essayer d'apprécier l'esthétique de cette série lorsque la douceur réelle des courbes féminines se retrouve massacrée par une illustration des personnages faisant fi d'une proportionnalité entre autres théorisée par Léonard de Vinci et son Homme de Vitruve? Comment même tenter d'esquisser un sourire quand l'auteur nous révulse par sa mise en scène vulgaire, incohérente, et désordonnée de l'ensemble de son travail? Je veux bien concevoir que format de 2x30 min soit vraiment court, mais l'utilisation de la vitesse de chute lors des épreuves sportives n'autorise pas que les filles puissent se retrouver dans des positions aussi tordues et étrangement favorables à notre héros, à base de pelotage bien trop toléré par la fille aux cheveux rouges, mains du héros sucées avec zèle par sa petite sœur dans le plan suivant, orteil dans une culotte dans la scène subséquente, le tout desservi par une musique pauvre en virtuosité et des répliques émétiques faisant de tout cette chair féminine de simples objets sans psychologie ni instinct de survie... Je me demande encore qui pourrait donc croire à ce "arrête, c'est embarrassant" balancé par une figure teinte en rouge et au regard faussement servile...
Notons cependant que, par une préférence assumée de la quantité à la qualité, cette série possède la seule force d'accumuler en une heure, la majorité des figures de fan service de la japanimation, s'imposant ainsi tel un manifeste d'une culture otaku friande de chimères et inventrice, par exemple de la Nekomusume, cette fille aux oreilles de chat. Ne vous étonnez donc pas de croiser, lors de votre épopée de l'horreur et du dégout, en plus des modèles de jeunes filles propres au genre, un nombre de maido non négligeable, une blonde sans doute en provenance des États-Unis, un professeur constamment en état d'ébriété, une lolita à lunettes et gros seins, des jeunes filles dans leur maillot scolaire bleu, une scène de collision entre une tête et une petite culotte que je n'avais croisé que dans Jeanne & Serge à ce jour, l'éternelle scène pour voyeurs dans un vestiaire féminin, et même une illustration du bondage de la fille timide tout droit sortie de l'imaginaire de notre Eros en devenir...
Toujours est-il qu'à force de vouloir toujours jouer la carte de l'originalité et de pousser toujours plus loin les limites entre les genres du ecchi et du hentai, Eiken finit par tomber dans une surenchère que seuls les plus faciles apprécieront.
2/10. Extravagance rare expliquée sans doute par la volonté de satisfaire tous les pervers de la terre dans un format aussi austère. J'ai finalement trouvé pire que Kanokon.