SAO : Une réussite ratée

Sword Art Online, bien connu sous l'abréviation SAO, est un anime ayant beaucoup fait parler de lui. Tantôt hué, tantôt acclamé, SAO divise. Les avis sont mitigés, certains aiment et d'autres non mais pour bon nombre de personnes, cela se situe entre les deux et je me sens bien obligé d'admettre que je me place dans cette dernière catégorie.

SAO a pourtant de nombreuses qualités. Le scénario n'est pas forcément innovant pour tout le monde mais reste de bonne facture. L'animation est bien faite à commencer par les graphismes qui ne sont pas très impressionnants en temps normal mais savent plutôt très bien représenter les paysages de cet univers fantastique. Il est assez difficile de ne pas apprécier les meilleurs combats où les mouvements sont assez fluides et magnifiques.

La relation entre les deux protagonistes rompt ce qui est traditionnel en japanimation car ici l'interminable harem où le personnage masculin ne se décide pas n'existe pas. On a un couple, et un vrai, qui se met assez rapidement en place malgré ce que l'on pourrait croire en regardant les premiers épisodes. La protagoniste féminine Asuna est loin d'être inutile et a presque autant de poids que le masculin Kirito, elle a une personnalité de caractère et est une épéiste redoutable formant un brillant binôme avec son compagnon.

On pourrait aller jusqu'à dire, pour les plus convaincus, que la série intitulée SAO avait tout pour être parfaite mais elle est malheureusement tombée dans une suite irréversible et indissociable de ce que nous avons connu lors des premiers épisodes.

Afin d'éclaircir mes explications, je vais traiter l'anime en deux temps. D'abord, je vais faire état de l'atout de SAO, ce qui a fait la force de son succès. Ensuite, je vais expliquer les raisons qui, à mon sens, ont gâché le potentiel de la série.

1 - La mortalité réelle dans un monde virtuel
En ce qui me concerne, ce fut une première du jeu vidéo ou plus extensivement du monde virtuel dans un anime. L'histoire a un bon développement mais touche un thème très particulier, principalement en matière de "réalité virtuelle".

La grande question qui est posée à travers l'auteur Kawahara Reki dans cette oeuvre est celle qui touche la frontière entre le monde réel et le monde virtuel ce qui notamment est aussi avancé à travers Accel World (soi-disant SAO se passerait dans le passé du même univers qu'Accel World). Jusqu'où les développements technologiques actuels sont-ils capables d'aller dans notre société?

En effet, un jeu vidéo qui nous immerge dans un monde qui paraît si réel peut nous rendre douteux quant à la distinction entre ce monde et le nôtre. Certains personnages dans l'anime prendront même goût à la vie dans SAO considérant la "réalité virtuelle" comme leur "vrai réalité". Je n'oserais pas comparer SAO à cette oeuvre énorme du cinéma mais moi ça m'a fait penser à Matrix, on peut retrouver quelques thématiques sauf que SAO en masque certaines ce qui les font passer relativement inaperçues aux yeux de certains spectateurs moins sensibles (à chacun d'être attentif et de se creuser la tête).

Cela a été un très grand atout dans l'anime mais finalement ce qui a suscité tout ce succès est bien entendu la mort dans le jeu vidéo. Ici, quand on meurt, il n'y a pas de check point ou de "voulez-vous recommencer?". Non, dans SAO, les joueurs sont bloqués dans ce monde virtuel où la mort dans le jeu correspond à la mort pour de vrai.

À cause de ça, le jeu cesse d'être un jeu à proprement parler et devient une réalité oppressante où nul joueur-survivant n'a droit à l'erreur. Au cours de tout SAO, et je dis bien SAO soit l'arc Aincrad, la mort est un enjeu permanent et obsède chaque personnage. Ce climat qui règne fait émerger un sentiment de peur et de terreur.

Chacun est effroyablement libre tout en étant enchaîné dans ce monde. Certains ont peur du risque et se replient dans les zones les plus sûres. D'autres font tout pour en sortir, conscients de leurs agissement à leurs risques et périls. D'autres encore se laissent aller par leur plus bas instincts et deviennent des meurtriers n'ayant plus de pitié à tuer d'autres personnes dans la même situation et ce en sachant pertinemment qu'il n'y aura pour eux aucune résurrection.

SAO a réussi à prendre un jeu virtuel tel que nous les aimons et en a fait un monde on ne peut plus réel en misant sur la peur de la mort. C'est un mélange qui a fait ses preuves et qui est à mon sens le meilleur atout que nous a présenté cette série.

2 - Le sentiment d'une aventure inachevée indissociable de sa suite
Malheureusement, cet atout est stoppé net avec la fin de l'aventure SAO. Dès que l'enjeu de la mort disparaît, rien n'est aussi accrocheur. La second arc de la série nous offre un nouveau monde virtuel (Alfheim Online ou ALO) assez différent du précédent qui retombe bien plus dans les fameux clichés de la japanimation.

On a un monde féérique où la magie occupe une place principale et les glorieux combats à l'épée qu'appréciaient tant Kirito perdent de leur splendeur. Certes, le monde reste médiéval, l'épée est encore d'usage courant mais rien n'est plus pareil. Cet aura qui entourait la série a disparu et laisse place au néant.

Ce vide ne peut être rempli facilement. Il est difficile de changer de cadre dans ces circonstances. La question est de savoir si l'auteur peut proposer mieux. La réponse est non et cela finalement s'avère évident après le visionnage du premier arc.

Le deuxième arc est à la libre appréciation de chacun et en ce qui me concerne il est difficile d'y voir de la qualité. Beaucoup de personnes voient le verre à moitié vide mais moi j'ai préféré malgré ça de le voir à moitié plein parce qu'il est dommage de noter si bas une série qui a pourtant si bien démarrée.

Sans vouloir spoiler à ceux qui incroyablement ne l'auraient pas encore vu (si si il y en a encore), je ne peux qu'avancer que le problème principal lié au jeu SAO n'est toujours pas réglé dans ALO et de plus, la protagoniste féminine est dans une posture délicate. Cela permet de ne pas faire une coupure nette entre les deux arcs et de conserver un semblant de sérieux ce qui rend au final le tout assez cohérent sans pour autant être vraiment réussi (sinon cela aurait été bien reçu).

À cause de ça, ne regarder que le premier arc serait une erreur car on se rongerait les ongles pour connaître la suite étant donné que la principale intrigue est toujours irrésolue mais, en même temps, s'il l'on cède à la tentation (ce que quasiment tout le monde a fait), on se condamne à voir une suite qui est fortement susceptible de nous déplaire. C'est là que j'insiste sur le caractère indissociable des deux arcs. C'est même vicieux : ne regarde pas et cela t'obsèderas, regarde et tu te repentiras.

La série se finit plutôt bien et, sans vouloir offenser la seconde saison qui ne fait pas ici l'objet de la critique, elle se digère encore assez bien pour ceux qui ne veulent pas aller plus loin. L'aventure de SAO est soi-disant "achevée" pour de bon et ce qui suit en saison 2 n'a pas de lien direct. Néanmoins, je ne peux que ressentir que la série est incomplète et me donne un arrière-goût d'inachevée.

Conclusion :
La seule chose qui me reste à dire est que SAO aurait du être seulement et seulement le jeu qui donne son titre à la série. L'idée aurait été de faire une série SAO plus longue que l'arc dédié reprenant mieux les bases de cet univers. Elle aurait permis notamment de retranscrire la progression de Kirito au lieu de nous balancer un personnage overcheaté en trop peu de temps. Et enfin, SAO ne donnerait suite à aucun autre jeu vidéo, l'auteur aurait terminé définitivement ici au lieu de poursuivre avec d'autres jeux vidéos, dommage qu'il n'ait pas tout misé là-dessus.

En dépit de toutes les reproches qui lui sont faites, SAO reste une série énorme que je conseille à toute personne de la regarder. C'est une série à grand succès qui figure pour beaucoup de monde aujourd'hui parmi celles qu'il faut avoir vues.

Difficile à noter, je me suis senti obligé de la noter à contre-coeur en deux temps (ce n'est pas indissociable ici):
- 10/10 pour le premier arc, je ne fais pas le difficile, ce n'est pas encore parfait mais c'est vraiment très bon, j'y trouve mon compte;
- 5/10 juste la moyenne pour le deuxième arc.
La note moyenne est donc 7.5/10. Mais bon, ici on fait dans les chiffres ronds et mon côté sentimental joue alors ce sera 8/10. Je suis au final assez généreux sinon ce serait 7 car pour la suite, je suis bien plus sévère, je fais donc preuve de pitié en comparaison.