SAO pourrait se présenter comme un mélange réussi entre science-fiction et héroïc-fantasy. D’un côté les protagonistes évoluent dans un monde qui n’a rien à envier à WoW, Lineage ou encore Aion, avec l’impossibilité de se déconnecter, de communiquer avec l’extérieur et une mort bien réelle pour des milliers de joueurs. Telle la matrice, cette simple option impose de fait que cet univers soit peu à peu perçu comme la seule réalité par les joueurs, du moins jusqu’à ce qu’un PGM parvienne à terminer le jeu…
Et pourtant, plusieurs éléments sont là pour rappeler que, malgré le degré de réalisme extrêmement poussé auquel sont soumis les participants, il s’agit d’un univers totalement virtuel. Les barres de vie et icônes flottant au-dessus des personnages, et la manière dont les tâches plus simples (comme le craft ou le simple contrôle de l’inventaire) sont effectuées sont tout sauf naturelles.
Plus tard viendra même se greffer sur le récit original de nouvelles problématiques, et notamment celles des dérives que peut entraîner un tel système de jeu. On parle véritablement de manipulations et de numérisation de l’esprit humain, ou encore de contrôle des foules sacrifiées sur l’autel de la science et de l’argent : des thèmes relativement fréquents dans la littérature ou le cinéma fantastique.
L’anime se divise en deux grands arcs. Dire qu’ils sont de qualité et d’intérêt inégaux est un euphémisme.
La première partie, se déroulant exclusivement dans l’univers virtuel, sans possibilité de savoir ce qu’il se passe dans le monde réel, connut un véritable succès dès les premiers épisodes. La problématique de base (la mort dans un univers virtuel) y était pour beaucoup, mais n’expliquait pas à elle seule un tel engouement du public.
Les producteurs avaient réussi à mettre sur pied un univers cohérent obéissant à des règles précises dans lequel évoluaient près de 10.000 joueurs (au départ). L’utilisation de ces règles a été parfaitement gérée et certains épisodes reposaient presque exclusivement sur la question de savoir s’il était possible de transgresser celles-ci, à moins qu’il n’existe une autre solution parfaitement logique. Ainsi, chaque épisode apportait son lot de découvertes, de questions/réponses et, alors que l’on croyait avoir tout compris au jeu, de nouvelles surprises attendaient le spectateur là où il s’y attendait le moins. Cet état de fait permettait en outre de générer de jolis cliffhanger qui maintenaient l’intérêt pour la série d’une semaine à l’autre. Il arrivait aussi que l’action s’arrête en plein milieu d’un affrontement épique ou d’une situation complexe, provoquant une certaine frustration et une impatience certaine concernant la suite, quitte à plier celle-ci en 2 temps 3 mouvements avant de passer à autre chose. Bref, on peut le dire, le timing était parfaitement géré et tout était fait pour maintenir l’attrait du public au plus haut, presque comme une campagne de pub habilement menée sur plusieurs semaines. Car avouons-le, à bien y regarder, l’histoire et les évènements narrés étaient objectivement relativement classiques. Mais quand c’est bien fait et bien présenté, inutile de chercher midi à 14 heures : ça marche.
Bien entendu, l’autre point fort de ce premier arc, c’est le duo Kirito/Asuna. On peut dire que ces deux-là ce sont bien trouvés, disposant chacun d’une personnalité forte, ils se complètent à merveille. Rien de surprenant dans ces conditions à ce qu’ils finissent par occuper les plus hautes positions parmi les autres joueurs, et se retrouvent dans les combats les plus dangereux. Même si Kirito est du genre solitaire, pour des raisons plutôt explicites, Asuna sera toujours là pour l’encourager à s’ouvrir aux autres et à leur faire confiance. A force de combattre côte à côte, il n’est pas moins surprenant qu’ils finissent par se rapprocher l’un de l’autre, jusqu’à former un véritable couple, désireux de fonder une petite famille. Mais là encore, rien n’est laissé au hasard dans cette relation amoureuse, basée sur une confiance mutuelle, sans qu’aucun des 2 ne soit forcé de jouer les faire-valoir de l’autre. Ce n’est pas le coup de foudre (et encore moins une « love-story » parfumée à l’eau de rose), et il faudra bien quelques épreuves (souvent douloureuses) avant que la relation ne soit officialisée.
Bref, les 15 premiers épisodes sont une vraie réussite, et la série aurait pu (aurait dû selon les plus vindicatifs) en rester là.
Malheureusement, sans que l’on sache réellement pourquoi, le 2ème arc semble s’être évertué à démolir tout ce qui avait été patiemment bâti jusque-là. Je n’irais pas jusqu’à dire que c’est mauvais, ni qu’il n’y avait pas des éléments intéressants à utiliser, mais il y a quand même des choix impardonnables qui ont été faits, et qui ont fait hurler la communauté des fans. Le premier est bien entendu le traitement honteux infligé à Asuna, qui se retrouve malgré elle forcée de jouer le rôle de la princesse Peach prisonnière de son donjon (Zelda ça aurait été classe, mais là…). Elle passe ainsi d’une jeune femme mature et combattive, capable de motiver ses troupes même dans les pires moments, à une simple captive désespérée soumise aux délires malsains de son ravisseur. Elle ne reste pas inactive pour autant et continue à prouver qu’elle a plus d’un tour dans son sac mais même ainsi, ce n’est tellement pas « elle » que ça ne passe pas.
Pour la remplacer, on nous trouve une espèce de substitut qui n’est pas forcément mauvais non plus et possède des qualités, mais franchement pourquoi nous foutre un « brother-complex » et un personnage digne d’une production pour adolescents basique…
Et ce second acte marque surtout l’entrée en scène et en grandes pompes du fan service le plus éhonté. Du vrai, avec des personnages féminins qui prennent soudain plusieurs tailles de bonnets de soutien-gorge et n’hésitent pas à nous les mettre sous les yeux à la moindre occasion. Le summum du mauvais goût est atteint sur l’avant-dernier épisode, lorsqu’Asuna, définitivement transformée en victime incapable de se défendre est presque violée par le nouveau grand méchant de l’histoire, cumulant à lui seul tous les défauts qui peuvent exister (lâche, pervers, arrogant, incapable de se battre à la loyale, etc…) et largement en-dessous de son prédécesseur.
Concernant cette seconde partie, c’est véritablement l’incompréhension qui demeure : pourquoi ? SAO avait tout pour réussir : des personnages charismatiques, un scénario accrocheur, une ambiance relativement mature, alors pourquoi ?
Pourquoi en avoir fait un simple produit pour adolescents aux hormones sur-productives dont il faut à tout prix satisfaire les besoin les plus primaires et mettant des nanas court-vêtues dès que l’occasion se présente ?
Pourquoi être passé de SAO à Alfheim alors qu’il y avait encore des tas de choses à découvrir sur le premier et des personnages intéressants entrevus qui méritaient d’être davantage mis en avant et développés (plutôt que cette inutile dernière apparition dans l’épilogue) ?
Enfin, pourquoi n’avoir pas gardé un peu plus longtemps sous le coude la fantastique conclusion du premier arc ? On aurait pu dire que l’on avait eu droit à une vraie fin.
Pourquoi ce deuxième acte, bien qu’objectivement pas si mal foutu, ne parvient-il pas à se maintenir à mes yeux au niveau de son prédécesseur ? Pire, pourquoi ai-je un goût désagréable de « déjà-vu » et de « basique » qui me reste en travers de la gorge ?
Pour finir, Sword Art Online fut selon moi une des meilleures surprises de cette année 2012. Le fait que tout le travail de la première partie ait été quasiment réduit en cendre par la suite en fait donc forcément par la même occasion une amère déception.
Malgré tout, j’ai passé un excellent moment à chacun de ces 25 épisodes et cela reste une série que je conseille au visionnage.
Si une suite est prévue, j’attends cependant un vrai retour de SAO plutôt qu’un ersatz comme Alfheim.