Avec Kemono no Souja Erin, Seirei no Moribito est mon coup de cœur de l'année 2013. Ce n'est d'ailleurs pas vraiment étonnant dans la mesure où les deux œuvres ont le même auteur. Même si cela fait maintenant une bonne année que j'ai vu cet anime, il m'a tout de même suffisamment marqué pour que je puisse mettre en valeur les quelques points qui en font à mes yeux un must see de l'animation contemporaine.
Ce qui caractérise l'ensemble de l'oeuvre, c'est l'originalité. Cette originalité s'observe dès le premier plan du premier épisode par la présentation de Balsa, l'héroïne de l'histoire. Loin d'être une pleurnicheuse, Balsa est une guerrière endurcie à l'art du combat à la lance. Ce simple fait m'a vivement intéressé à l'époque, ne serait-ce que du point de vue de la chorégraphie des combats. Dès lors que l'on s'intéresse à ce qu'offrent les animes médiévaux en termes d'action, on se doit en effet de constater que l'épée prédomine dans l'écrasante majorité des cas. Les combats à la lance offerts par Seirei no Moribito sont donc non seulement originaux mais également rafraîchissants en termes de divertissement pur.
L'originalité se manifeste également dans le scénario de l'oeuvre. Au commencement de l'histoire, les rôles de "gentils" et de "méchants" semblent en effet assez clairement établis : Chagum, l'héritier de la monarchie qui dirige l'univers de Seirei no Moribito, est menacé d'assassinat par ses pairs et doit donc entamer une fuite désespérée sous la protection résolue de Balsa. En l'état, la narration pourrait donc paraître éminemment classique. Au fur et à mesure que l'intrigue progresse, on se rend pourtant compte qu'il n'en est rien. C'est simple : dans cette série, on ne peut pas considérer qu'il y ait de véritables antagonistes dans la mesure où ces derniers agissent non pas par malveillance mais de manière purement rationnelle en obéissant à ce qu'ils pensent être la vérité. Dès lors que cette vérité change, leur positionnement vis-à-vis de Balsa et Chagum change également. C'est sans doute le point qui m'a le plus marqué dans la série : Seirei no Moribito est l'une des rares oeuvre que je connaisse (voire la seule) où l'auteur a réussi à s'affranchir du manichéisme.
Pour achever mon anaphore sur le thème de l'originalité, l'univers développé dans la série est loin d'être inintéressant. L'auteur a construit une véritable mythologie qui est en réalité au centre de l'intrigue, notamment vis-à-vis de cette prophétie qui est l'élément déclencheur de l'ensemble de l'histoire. Je ne révélerais rien mais c'était vraiment très intéressant de voir comment une simple interprétation faussée d'un augure peut conduire les hommes les plus sages et les plus vertueux à traquer pendant des semaines un pauvre enfant qui n'a rien demandé au monde. D'un point de vue philosophique, cela pose la question du rapport de chacun à la vérité et à la justice. Doit-on obéir aveuglément à ce que dicte le gouvernement ou des textes ancestraux (qui ont d'ailleurs été rédigés par ce même gouvernement) ou doit-on au contraire ne croire que sa propre conscience ? C'est une question qui se pose notamment à la fin du premier combat de la série où Balsa combat une horde d'assassins zélés.
On pourrait dire bien d'autres choses sur Seirei no Moribito. Je n'ai rien dit par exemple sur le passé de Balsa, la nature des relations mère - fils qui se tissent progressivement entre Balsa et Chagum ou encore la romance entre Balsa et Tanda qui ne parvient jamais à se concrétiser à cause du mode de vie nomade de Balsa et des dangers innombrables auxquels elle doit faire face tout au long de l'anime. De même, je n'ai pas parlé de l'aspect purement artistique de l'oeuvre qui en fait un anime de très haute volée tant du point de vue de la bande originale que du chara design et des paysages. En y réfléchissant, s'attarder là-dessus serait manquer l'essentiel de ce qui fait de Seirei no Moribito une série excellente. Or, cette excellence est due avant tout à l'originalité de l'héroïne, au déroulement du scénario et à l'univers. Dans une telle série où je vois tant de qualités et si peu de défauts, le 9 s'impose donc sans la moindre difficulté. Seirei no Moribito est incontestablement une référence du genre médiéval-fantastique dans l'animation japonaise.