Elfen Lied fut ma première, et très probablement ma dernière expérience d’anime classé « ecchi-gore ».
Etrange mélange de petites culottes et d’éviscérations, il m’est difficile de retenir autre chose que le caractère pathétique de la série.
Mais avant tout, soyons bon prince, et commençons par le bon aspect, même l’excellent aspect de la série : son visuel.
Là-dessus, rien à dire, il est vraiment de très bonne facture. Les décors sont particulièrement travaillés, fourmillent de détails les rendant parfois plus réels que nature, sans jamais tomber dans la surcharge technique visant à exhiber les talents du staff. Non, ici, on reste propre.
S’il ne m’a guère fallu plus de quelques secondes pour reconnaître la qualité de l’environnement, il m’a en revanche été nécessaire de visionner quelques épisodes avant de reconnaître un certain charme au character-design. Pour être honnête, au départ, je le trouvais fabuleusement simpliste, et il me semblait revenir de l’époque d’Onegai Teacher, période où le cliché des gros yeux et des gros seins connu son paroxysme. Et pourtant, il m’a séduit. Les visages peuvent véhiculer une grande quantité d’émotions, et aussi étrange que cela puisse paraître, au vu de la médiocrité scénaristique, on peut être touché par les personnages, même les plus ridicules. Il est donc efficace.
Les mangeurs de séries ecchi que je côtoie sur Anime-Kun m’ont parlé du phénomène Lucy, qui a entraîné un raz-de-marée de protagonistes aux cheveux et aux yeux rouges. Je n’ai pour ma part jamais revu, il me semble, de personnage ainsi conçu, mais je comprends leur douleur, car moi-même, à la fin des treize épisodes composant l’anime, j’étais victime d’une overdose. Oui, Elfen Lied est surchargé de rouge, en pullule avec ostentation, au point de nous répugner de cette couleur. Mais malgré ce manque flagrant de goût, et l’utilisation massive de couleurs criardes et flashy, il est indéniable que Lucy est un personnage classieux. Le travail effectué sur ses yeux, ses longs cheveux et son côté psychopathe ne peuvent faire d’elle qu’un personnage très intriguant, au demeurant sympathique.
Inévitablement, comme toute série ecchi qui se respecte, il a fallu qu’absolument tous les personnages féminins, et ce, peu importe leur âge, soit attirant physiquement. Mais Elfen Lied ne s’arrête pas là, comme tous ses congénères ! Non, Elfen Lied nous permet même de contempler les corps de rêves de Lucy et de ses amis de 13 ans et demi, dans une nudité pure et parfaite, entre deux geysers de sang.
L’animation est excellente. De nombreuses scènes de…démembrement se déroulent à une vitesse impressionnante, et l’on est surprit par la fluidité de la série, de manière générale. L’ensemble est très agréable à regarder, je ne vous le cacherai pas.
Venons-en maintenant à l’élément essentiel d’Elfen Lied, son scénario.
On y parle de l’évolution de l’espèce humaine, les « diclonus », possesseurs de deux cornes sur la tête et d’un nombre variable de longs bras invisibles dans le dos, qui traversent et coupent absolument tout. Bien entendu, leur force est sans limite.
Le premier épisode se déroule pour moitié dans un complexe expérimental particulièrement glauque ; le sang y gicle vraiment partout et l’on contemple Lucy massacrer une quantité impressionnante de vigiles et autres personnes chargées de la surveillance. Jusque là, on se dit qu’au moins, même si la nudité est un peu omniprésente, la série ne va pas faire dans le kawai à outrance, c'est-à-dire dans le mièvre vomitif. Et si…..Car malheureusement, notre pauvre Lucy va perdre la mémoire et ainsi créer Nyu, son alter-égo sous-doué sur le plan de l’intellect, mais particulièrement brillante pour horripiler le spectateur, à coup de voix stridente et de situations pathétiques.
A mes yeux, Elfen Lied partait bien et a sombré dans un scénario au service de la nudité, du sang, et sur certains aspects, de la pédophilie. Oh pardon, on dit Lolita Complex, c’est plus politiquement correct. Au lieu de continuer dans la lancée du thriller gore tordu et pervers, qui aurait pu heurter la sensibilité mais qui au moins aurait été conforme à l’idée de base, les concepteurs de cette œuvre hors-norme ont préféré charmer l’otaku en manque de sensation. Dommage.
Je dis dommage d’autant plus que malgré ces errances, on a réellement envie de connaître le passé des différents protagonistes. Lucy étant une véritable machine à tuer, il est essentiel que l’on connaisse les raisons de ses pulsions violentes, ainsi que de son irrespect flagrant pour l’espèce humaine. Ce sont d’ailleurs les nombreux flashbacks qui formeront les passages les plus intéressants de la série. Il arrive même que l’on soit touché par les scènes se déroulant sous nos yeux, et que le côté torture psychologique soit très bien mis en place pour nous faire comprendre la démence de certains personnages.
Pour le reste, je n’ai pas grand-chose à dire.
L’ambiance sonore sert le côté dérangeant de la série, même si, à mes yeux, ce n’est pas le sang omniprésent qui me parait le plus gênant. L’opening est une vraie réussite sur le plan musical, et symbolise le caractère unique d’Elfen Lied, de part son originalité. Le reste des musiques m’a semblé aussi inintéressant que le scénario de l’anime.
Le travail des doubleurs est pour la plupart du temps désagréable. Les voix énervent et ne charment pas, les scènes de colères sont essentiellement ratées, mis à part celle du premier épisode.
Logiquement, j’en viens maintenant à conclure sur la déception que m’a procuré cette série, et sur la répugnance que j’ai eu à voir un anime employer aussi vulgairement la nudité, et surtout, sur de si jeunes protagonistes. Tout ceci est vrai.
D’un autre côté, sans que je puisse l’expliquer, j’ai vraiment eu, à la fin de chaque épisode, l’envie de continuer la série. Ce désir d’en savoir plus provient probablement du fait que les flashbacks les plus intéressants n’apparaissent quand dans la dernière partie de la série. Ce n’est qu’à partir de là qu’on pourra trouver un semblant d’intérêt à cette histoire ridicule et grossière, sur le fond comme sur la forme.