Critique de l'anime Elfen Lied (TV)

Je reproduis et complète une critique que j'avais faite il y a quelques temps :

Indéniablement, la trame générale et les sujets abordés donnaient matière à un chef d'œuvre. Mais c'est de « grossier » que je qualifierais Elfen Lied.

Grossier dans le déroulement du scénario, bancal et aux raccords tirés par les cheveux.

Grossier dans la personnalité des protagonistes, tous plus niais les uns que les autres, stéréotypés, et aux comportements souvent irréalistes, voire aberrants. Seule Lucy semble quelque peu tirer son épingle du jeu.

Grossier dans la manière de montrer les choses. Bien entendu, on pense au déferlement d'hémoglobine. Trop de violence tue... la violence ; ce qui est totalement choquant et tragique dans les premières minutes finit par sombrer dans le ridicule sans pour autant revêtir la forme comique et auto-parodique propre aux films gores tels que Braindead. N'y avait-il pas d'autres moyens d'exprimer cette violence ? Ou encore le récit très terre-à-terre des viols incestueux évoqué comme raison pour la fugue d'un des personnage. On est loin d'un Festen ou d'un Aigle Noir. Ne parlons pas du fan service récurrent et injustifié. Ainsi le scénario donne l'impression d'être spécialement conçu pour faire passer l'innocence de Nyu comme prétexte à montrer ses formes à tout bout de champ. Citons aussi le « harem » se construisant de manière totalement improbable autour du principal personnage masculin.

Grossier dans l'établissement des contrastes qui rythment la série. L'extrême brutalité alterne avec le niais le plus profond sans que les transitions n'aient de cause crédible, et pire, sans apport significatif aux sujets développé. Le décalage manifestement voulu entre d'une part le ressenti de Lucy, sa violence exubérante, et d'autre part l'apparence inoffensive de Nyu, ne fonctionne pas.

Grossier y compris dans la musique, où l'air principal du générique, magnifique au demeurant, est décliné à toutes les sauces, ad nauseam.

Grossier dans le traitement des thèmes. On aurait aimé que les thèmes qui fleurissent au cours de la série, comme les relations entre pouvoir et techno-science, la discrimination, les conséquences des brimades infantiles, le dédoublement de personnalité Nyu/Lucy et leurs relations avec Kota et son passé, etc. soient développés sous un éclairage original, ou au moins présentant réflexions ou émotions. Mais à la place, on s'enrobe dans les clichés ou les traitements superficiels qui finalement n'apportent rien.

C'est dommage, il y avait tant de bonnes idées, et une mise en scène plutôt inspirée... Signalons tout de même l'esthétique réussie des génériques aux accents germaniques. Le chant latin s'accorde remarquablement bien aux images mimant des peintures de Gustav Klimt. On regrettera toutefois que cette forme soit sans rapport avec le fond, là où par exemple l'iconographie de la tapisserie de Bayeux servait le trait historique et mythique du Nausicaä de Miyazaki

J'en retire donc une assez mauvaise impression, d'autant plus que la plupart des critiques ne tarissent pas d'éloges sur cet animé. Aurais-je manqué tant de choses ?