Placez un jeune homme normalement constitué, doté d’un sens de la morale publique au-dessus de la moyenne, en situation de pouvoir et s’il n’y a pas de contre-poids, de contrôle extérieur, cela ne peut qu’invariablement aboutir à une catastrophe.
Ainsi pourrait se résumer l’histoire de Death Note, fable qui nous raconte la lente dérive de Yagami Raito auquel un mauvais génie a confié, pour tromper l’ennui profond que lui procure son éternité, le pouvoir de vie et de mort. Cette trame a de quoi être séduisante surtout quand elle prend la forme d’un thriller. Le pari est particulièrement réussi au cours des 7-8 premiers épisodes pendant lesquels le scénario rend compte d’une atmosphère étouffante, d’une tension omniprésente. C’est bon, même très bon. Mais c’est aussi par ce biais que les problèmes arrivent car le thriller, considéré (pour moi à tort) comme un sous-genre, est un exercice exigeant. Fonctionnant sur cette corde raide qui tient en haleine le spectateur, il ne pardonne rien et surtout pas une baisse de tension. Or, au-delà des approximations du scénario, des raisonnements des principaux personnages (après tout le format de 25 minutes par épisode ne permet pas de tout expliquer), Death Note connaît beaucoup de passages à vide, trop d’épisodes à l’intérêt douteux, pire encore il focalise petit à petit et par l'évolution du scénario sur le seul Raito qui, lui, n'évolue plus. La force d'un personnage comme Misora Naomi au début de la série contraste, par exemple, avec le côté inodore, incolore et sans saveur d'un Near durant le dernier tiers des épisodes.
Alors, évidemment, il reste l’emballage. Oui le design est très beau, oui le souci du détail fait plaisir à voir, oui l’OST sert bien l’animé malgré un opening comme je les déteste. Mais il n’empêche, la frustration est quand même bien présente. 25 épisodes auraient été largement suffisants, moins d’arabesques auraient permis d’avoir un scénario plus cohérent et ramassé sans s’embarrasser de certains personnages secondaires dont l’intérêt laisse pantois.
Même si cette série est au-dessus de la moyenne et qu’elle a fait, à juste titre, beaucoup parler d’elle, j’ai le sentiment qu’elle n’est pas vraiment à la hauteur de ses prétentions, à la hauteur d’une intensité qu’elle a pourtant initiée à ses débuts.
Au final, pour moi, Death Note permet de passer un agréable moment mais sans plus.