Death Note
Faisons simplement une critique des défauts qui auraient pu créer la possibilité d’écorcher la perfection.
Défauts de Cohérences :
Si l’on vous dit que le nombre de morts dans cette série est injustifié et relève donc du massacre, gratuit qui plus est.
Répondez tout simplement que l’opinion sur la peine de mort reste binaire. Il est donc relativement facile de justifier la manière dont pense Light : les criminels sont ceux qui, par définition « commettent » des crimes, alors en les supprimant on réduit le nombre de crimes, tout en exerçant une force de dissuasion sur des nouveaux criminels potentiels. Une logique défendue par ceux qui prennent le parti de la peine mort.
On pourra aussi vous parler d’une représentation d’Interpol et des forces de polices caricaturale…
Je pense que vous, comme moi, comme Tsugumi Oba (scénariste de Death Note) et surtout comme la personne qui vous le dit, ne connaissons pas vraiment la manière d’opérer d’une organisation comme Interpol. De plus, si un détective aide le F.B.I. sur plusieurs enquêtes impossibles à résoudre et apporte une solution à plusieurs reprises, ça me paraît logique que l’organisation en question accepte les conditions de ce fameux détective !
On pourrait d’ailleurs vous ennuyer d’avantage en disant que la police japonaise est maîtresse sur « son territoire » même en cas de force majeur tel qu’un homme possédant le moyen de tuer à souhait la personne de son choix… Et oui, même dans les mangas, tout comme dans la réalité la police japonaise ne garde pas toujours le monopole et sait coopérer avec des organisations comme le FBI ; et d’ailleurs pour information le Japon à des liens très étroits avec les USA et donc aurait plus facilement tendance à trouver rapidement un terrain d’entente avec celles-ci, que d’autres pays.
Après, toujours en prenant en compte le fait que l’on se trouve dans un cas de force majeur, que l’ennemi fait face au Monde et non à une seule nation, vous pouvez en toute tranquillité accepter que le Président Américain (gouvernant une des nations les puissantes du Monde) ait le pouvoir d’arrêter certaines enquêtes sur son territoire… Enfin, cela relève du bon sens.
Pour terminer cette première partie, je parlerai d’un argument récurrent et fondamentalement incorrect. En effet, certains vous diront qu’il se pose un problème de cohérence entre l’intelligence monstrueuse dont fait preuve Light et sa vision très simpliste voire réductive du Monde que l’on métaphorisera par un Noir/ Blanc. Alors, le caractère incorrect de cette idée est qu’en réalité l’intelligence et la morale ne sont pas liées. En réalité le caractère moral d’une personne est souvent défini par son passé, ou les personnes ayant pu influencer son développement jusqu’à l’âge adulte. De ce fait, les actes de Light sont tout à fait justifiés !! Peut-être pas, mais on peut au moins comprendre que la logique qui le pousse à agir ainsi est cohérente, même si le résultat est fortement discutable.
Quelques détails :
Dans un premier temps, l’évidence, la base, la règle : ne surtout pas toucher à la version française, surtout quand les voix de doubleurs apportent autant à un anime.
En ce qui concerne la fluidité scénaristique et la rapidité à laquelle s’enchaîne les événements, on peut voir ça comme un défaut… Après tout est relatif mais bon je qualifierai peut-être ça de mauvaise foi.
En ce qui concerne la seconde partie de l’anime, certains diront que le niveau baisse et ce n’est pas faux. Néanmoins, si l’on y réfléchit bien la dizaine d’épisodes qui constitue cette partie ne pouvait être tournée autrement. On aura beau la critiquer, ici le potentiel de l’histoire est développé jusqu’au bout et de la meilleure manière qu’il soit.
Pour ce qui est de la fin (peu importe son développement), est-ce que quelqu’un a remarqué la touche de goût finale, dans les dernières minutes de la série ? Ceux qui ont d’ores et déjà vu la série auront compris que ce simple détail montre bien tout le travail et les efforts fournis pour arriver à un tel chef d’œuvre !
Pour conclure, j’aimerais remettre en question la manière dont certains voient cette Œuvre. Car, si beaucoup pensent que l'œuvre tente de faire réfléchir son spectateur, on voit bien qu'avec un rythme scénaristique effréné, elle force au contraire celui-ci à se concentrer sur la complexité de l'histoire en elle-même. Par ailleurs, la fameuse pomme qui bien évidemment fait allusion au « fruit défendu », n’est pas placée dans l’histoire par hasard ! Intégrer un élément tiré d’un récit religieux montre bien qu’ici, l’idée n’est pas de provoquer le débat, même un débat sous forme de questionnement intérieur chez le spectateur. Ainsi, comparé à des animés qui dépassent les limites du support de l'animé pour rechercher la transcendance, Death Note va déformer ses limites tout en restant dans l'essence du "manga".