Critique de l'anime School Days

» par Deluxe Fan le
20 Novembre 2010
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School Days : une série qui laisse du-bite-hâtif

Cet animé était le plus critiqué du site, et c’est la seule et unique raison qui m’a poussé à le regarder il y a quelques années. Après l’avoir dévoré en quelques jours, cet animé est très vite devenu une de mes références. La polémique qu’il continue de susciter me conforte d’ailleurs dans l’idée que cet anime est décidément un sacré morceau de japanime.

Qu’est-ce que c’est que School Days, d’abord ? En tout cas ce n’est pas, comme je l’ai entendu ici ou là, un shôjô. Un mec idiot autour duquel tourne tout un tas de filles stéréotypées pour le séduire, ça s’appelle un harem et c’est, a fortiori quand il y a du ecchi, un genre typiquement shônen. Ou alors je n’ai jamais rien compris et je me fourvoie depuis dix ans. Pour être précis, School Days est l’adaptation d’un eroge, et déjà ça nous donne plusieurs informations. Les animés tirés de jeux de ce type sont spéciaux, ils répondent à des codes très précis. Le héros est systématiquement un boulet, ce qui est logique puisque dans le jeu c’est nous qui somme censés l’incarner. Les filles sont toujours très clichées, ce qui encore une fois est normal étant donné que le jeu n’aurait pas grand intérêt si toutes les filles se ressemblaient. Ne voyez pas dans ce que je dis une apologie du genre, mais je crois que beaucoup se méprennent sur School Days, qui est un animé très classique mais qui, quelque part, a choisi de ne rien faire comme tout le monde. Ce doit d’ailleurs être ça que j’ai aimé le plus : la surprise. Dans la vie je n’aime pas les surprises mais dans les animes, j’adore.

Maintenant que les présentations sont faites, voyons un peu ce qui se cache sous le capot. Aujourd’hui, avec le recul et quand je le compare à des animés du même type que j’ai vu depuis, je me rends compte que School Days est un bug. Un anime qui n’aurait jamais dû exister, une erreur. Quelque part dans la chaîne de production de la série quelque chose n’a pas fonctionné normalement et cela à donné un des animé les plus intéressants que je connaisse. Il utilise les codes du genre mais en fait quelque chose d’unique, en remplaçant toute la partie guimauve à la con par une relecture de Laclos et Sade, dans un ton « série romantique américaine de deuxième partie de soirée »

Les premiers épisodes posent le décor d’un triangle amoureux simple, entre le héros boulet et pervers, la fille timide mais magnifiquement roulée, et l’amie d’enfance qui observe avant d’agir. Ce qui va faire basculer la série dans quelque chose d’affreux et de jouissif, c’est vers le milieu de la série l’apparition de nouveaux personnages qui viendront perturber l’ordre établi ; et surtout l’apparition du désir sexuel qui va venir « chauffer » tout ce petit monde.

Lentement mais sûrement, la situation va aller crescendo dans le malsain et la violence, comme dans une tragédie classique ou un roman libertin. Les sentiments s’exacerbent et les scènes chocs s’enchaînent. Jusqu’à un final pas vraiment en raccord avec le style général (Lao-Tseu a dit : il faut trouver la voie, alors je vais te couper la tête !), mais qui termine la série comme une signature écrite avec le sang. Jouissif, je vous dis.

Je me souviens que je regardais alors un autre animé en parallèle, Elfen Lied. Il ne pas fallu beaucoup d’épisodes pour laisser cette série en plan, et enchaîner les épisodes de School Days, fasciné comme j’étais. Je ne comprenais pas comment j’avais pu consommer autant de niaiseries idiotes alors qu’il était possible, avec la même recette, de préparer un plat au goût bizarre mais délicieusement piquant au bout de la langue. Je ne sais pas si les producteurs se rendaient compte de ce qu’ils faisaient, mais le gars qui a eu l’idée « et si on faisait en sorte que le héros fasse systématiquement le choix le plus irréfléchi et aggrave les choses ? » mérite mes applaudissements vigoureux.

La forme n’est pas aussi sensationnelle, même si j’ai curieusement aimé l’opening, dont le titre est « Innocent Blue », comme quoi… A l’instar des décors, le chara-design est simpliste et presque moche (même si on évite pour une fois les cheveux verts ou roses). Ce n’est pas que j’attends quelque chose d’esthétique dans une adaptation d’un jeu hentai, mais si un effort avait été réalisé ça aurait fait passer la pilule du scénario style affaire de mœurs pour certains. En parlant d’hentai, l’animé est assez édulcoré même si on comprend tout de suite quand « ça » s’est passé - et « ça » se passe souvent…

Un mot inévitable sur les personnages. La plupart de ceux qui ont détesté ont mis le doigt sur les réactions invraisemblables des personnages, et je les comprends. Le héros Itô ne semble avoir qu’un seul neurone, situé dans son pantalon… Ce qui toujours mieux que son meilleur ami Taisuke qui lui n’en a pas du tout (et qui parvient quand même à ses fins). Les deux héroïnes de la série, Sekai et Kotonoha, ne m’ont pas l’air très équilibrées émotionnellement, quand aux autres filles, comme Otome ou ses trois potes ce sont, pour rester poli, des femmes de petite vertu.

Malgré la faible crédibilité de ces personnages, je n’ai jamais rien trouvé à redire. Je crois que les gens prennent trop cet animé au premier degré. Sous prétexte qu’il propose un propos moins niais et plus mature que la plupart des animés du genre, les gens ont cru qu’il s’agissait d’une étude sociale ou d’un truc comme ça… Redescendez ! C’est un anime, un divertissement ! Il est là pour nous faire vivre ce que l’on ne peut pas connaître dans la réalité, et à ce titre School Days joue parfaitement le rôle de libérateur de pulsions, dans la pure tradition de la catharsis.

De même, je me suis marré en lisant que School Days était critiqué pour son aspect machiste… Faut arrêter, je ne connais pas de manga/animé qui ne soit pas sexiste (dans les deux sens), et la condition de la femme est encore plus déplorable dans Dragon Ball ! Et puis ce n’est pas si fondé… comme dans tout animé harem ce sont les filles qui sont mises en valeur et c’est Itô qui passe pour un gogol. Il existe des filles qui sont des garces, le monde ne se compose pas uniquement de cruches avec des seins énormes, de tsundere toutes plates et de Rei Ayanami entre les deux. Il existe autre chose, et School Days en est un échantillon.

Tout ce que j’espère c’est d’avoir convaincu les deux du fond qui n’ont jamais vu cet anime de filer le voir et de rester scotché comme j’ai pu l’être. Pour moi School Days m’a prouvé que mêmes les adaptations de trucs eroge dégeulasses pouvaient donner des grosses claques. Il ne faudra pas s’étonner que depuis School Days je trouve la plupart des animés romantiques bien fades et insipides, et que je recherche toujours le successeur qui me donnera cette dose d’impact qui me manque terriblement.

Les plus

- Une vraie déconstruction du genre harem

- Développement politiquement incorrect

- Le symbole même du "chef d’œuvre involontaire"

Les moins

- La fin WTF

Verdict :8/10
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A propos de l'auteur

Deluxe Fan, inscrit depuis le 20/08/2010.
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